Un tribunal spécial au Pakistan a mis formellement en accusation sept Pakistanais soupçonnés d'avoir participé à l'élaboration des attaques coordonnées qui ont fait 166 morts il y a un an presque jour pour jour à Bombay, en Inde.

L'Inde, mais aussi les États-Unis, accusent un groupe armé extrémiste musulman Lashkar-e-Taïba (LeT), basé au Pakistan, d'avoir organisé et perpétré ces attaques dans sa capitale économique du 26 au 29 novembre 2008, et soupçonne que les dix assaillants pakistanais, dont un seul a survécu, ont reçu un soutien logistique des services de renseignements pakistanais. La police pakistanaise a arrêté sept suspects depuis, dont Zakiur Rehman Lakhvi, le cerveau présumé des attentats selon New Delhi, et un cadre présumé du LeT, Zarar Shah.

Devant la Cour antiterroriste de Rawalpindi, dans la banlieue d'Islamabad, «les sept ont été mis en accusation, dont Lakhvi, mais les accusés ont plaidé non coupables car il n'y a aucune preuve de leur culpabilité», a déclaré par téléphone à l'AFP l'avocat Shahbaz Rajput.

«Ils ont été accusés en vertu des lois antiterroristes pakistanaises», a-t-il ajouté, sans plus de détail.

«Nous allons les défendre, la prochaine audience est fixée au 5 décembre», a-t-il conclu.

Les sept hommes ont comparu devant la Cour installée dans une prison de haute sécurité à Rawalpindi. Cette audience, plusieurs fois reportée depuis des mois, est intervenue la veille du premier anniversaire des attaques de Bombay, alors que le voisin indien, rival de toujours du Pakistan, se plaignait ostensiblement du manque de coopération d'Islamabad.

Les deux pays, nés en 1947 de l'indépendance bâclée de l'empire britanniques des Indes, se sont déjà affrontés dans trois guerres depuis et disposent tous deux de l'arme atomique. Un fragile processus de paix entamé en 2004 a été interrompu par l'Inde après les attaques de Bombay.

Le Pakistan dément les accusations visant ses services de renseignements et assure qu'il irait plus vite et plus loin dans son enquête concernant les sept accusés, voire d'autres suspects, si l'Inde consentait à lui fournir «davantage d'informations».

En visite à Washington, le premier ministre indien Manmohan Singh a appelé à faire pression sur le Pakistan pour qu'il combatte le terrorisme sur son sol mais mardi, le président Barack Obama, dont le pays vient de consentir une nouvelle aide financière massive au Pakistan, a estimé au contraire qu'Islamabad avait fait «certains progrès», soulignant que le Pakistan joue «un rôle extrêmement important» dans la pacification de la région.

Le Pakistan, allié-clé des États-Unis dans leur «guerre contre le terrorisme» depuis fin 2001, en paye un des plus lourds tributs au monde: plus de 2.550 personnes ont été tuées dans tout le pays en un peu plus de deux ans par une vague d'attentats perpétrés pour la plupart par les kamikazes des talibans pakistanais alliés à Al-Qaeda, que l'armée combat dans le nord-ouest, frontalier avec l'Afghanistan.

Le seul survivant du commando de Bombay, dont les membres étaient arrivés du Pakistan en bateau, Mohammed Ajmal Kasab, est jugé, lui, en Inde, où il a déjà confessé avoir été entraîné par le Lashkar-e-Taïba.

Ce mouvement, qui dit lutter contre l'«occupation» indienne du Cachemire et les «persécutions» dont seraient victimes les 150 millions de musulmans en Inde, est interdit au Pakistan.