Le dissident chinois Huang Qi, arrêté l'année dernière après ses critiques contre les autorités à la suite du tremblement de terre au Sichuan, a été condamné lundi à trois ans de prison pour «possession illégale de secrets d'État», a annoncé sa famille.

Huang Qi, 46 ans, avait plaidé non coupable en août lors de sa comparution, mais un tribunal de la capitale du Sichuan, Chengdu, l'a reconnu coupable, a dit à l'AFP sa femme Zeng Li.

«Nous ferons sûrement appel», a-t-elle ajouté, jointe par téléphone.

L'avocat du dissident, Mo Shaoping, a dénoncé la condamnation, affirmant que les documents incriminés étaient disponibles sur l'Internet, refusant cependant d'en dire plus sur leur contenu.

«Nous ne reconnaissons pas ce verdict. Nous maintenons qu'il est innocent», a-t-il déclaré à l'AFP.

La condamnation de Huang intervient moins d'une semaine après la visite en Chine du président américain Barack Obama, dont les préparatifs avaient été l'occasion pour l'ambassadeur Jon Huntsman de spécifiquement mentionner le cas de Huang aux autorités chinoises, a indiqué une source diplomatique américaine.

L'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International a appelé à la libération immédiate de Huang, estimant qu'«il n'aurait jamais du être arrêté».

«Ces lois sont utilisées de manière extensive pour pénaliser rétroactivement les activités légales (..) et réduire la liberté d'expression», a déclaré Sam Zarifi, directeur Asie-Pacifique d'Amnesty.

Huang Qi avait été arrêté en juin 2008 à Chengdu après avoir commencé à soutenir des parents d'enfants morts en mai dans les écoles du Sichuan lors du tremblement de terre.

Pour sa famille et les organisations des droits de l'homme, son incarcération et sa condamnation s'expliquent par cet engagement.

Des milliers d'établissements scolaires s'étaient effondrés lors du séisme du 12 mai 2008, provoquant la mort de 5.335 élèves, alors que les bâtiments officiels voisins étaient restés debout.

Des parents avaient vivement dénoncé la corruption des responsables locaux, à l'origine, selon eux, de la mauvaise qualité des bâtiments.

Huang Qi a déjà été incarcéré de 2000 à 2005 pour «tentative de subversion de l'État» après la création de son site pro-démocratie qui évoquait des affaires de corruption au sein du gouvernement.

Le site avait appelé aussi à la libération de tous les militants incarcérés à la suite des manifestations du printemps 1989, écrasées par l'armée chinoise. Le dissident répertoriait également sur le site les personnes portées disparues en Chine, notamment les femmes et les enfants enlevés et faisant l'objet de trafics.

La condamnation de Huang est le deuxième revers pour les États-Unis en quelques jours après qu'un ancien responsable étudiant du mouvement pour la démocratie de 1989, qui vit aux États-Unis depuis des années, Zhou Yongjun, a été jugé pour fraude présumée jeudi dernier en Chine, par une cour du Sichuan lui aussi, au lendemain du départ de Pékin de M. Obama.

L'administration américaine avait fait part de sa préoccupation sur ce cas aux autorités chinoises.