Au moins 19 personnes ont été tuées jeudi par un kamikaze qui a fait exploser sa bombe à l'entrée du palais de justice de Peshawar, dans le nord-ouest du Pakistan, où les talibans liés à Al-Qaeda semblent concentrer leur campagne d'attentats suicide.

«Un kamikaze à pied a essayé de pénétrer dans le palais de justice et, quand les policiers ont voulu l'arrêter, il a fait exploser la bombe qu'il portait sur lui», a expliqué à des journalistes sur place Sahib Zada Anis, le chef de l'administration de la grande capitale de la province du nord-ouest. Des restes humains baignaient dans le sang devant la grille du palais, arrachée par le souffle. Un vieil homme qui réparait dans la rue les lunettes et les stylos-plumes, une figure dans ce quartier très fréquenté, gisait au sol, mort, a rapporté un journaliste de l'AFP.

Dix-neuf personnes, dont trois policiers, ont été tués et 52 blessées, a déclaré à l'AFP le Dr Abdul Hameed Afridi, directeur de l'hôpital Lady Reading, le principal de la ville.

Il s'agit du huitième attentat en onze jours dans le nord-ouest, dont sept ont visé Peshawar et sa banlieue, aux portes des zones tribales où l'armée est engagée dans une offensive contre le bastion de ces insurgés islamistes. Au moins 110 personnes ont été tuées dans ces attentats.

Plus de 2.550 personnes ont été tuées en un peu plus de deux ans dans tout le pays par une vague d'attentats perpétrés, pour la grande majorité, par les kamikazes du Mouvement des Talibans du Pakistan (TTP).

Ce groupe a fait allégeance à Al-Qaeda et, à l'unisson d'Oussama ben Laden, décrété à l'été 2007 le jihad, la «guerre sainte», à Islamabad pour son alliance avec les États-Unis dans leur «guerre contre le terrorisme».

Le TTP, dont le fief tribal du Waziristan du Sud, près de la frontière afghane, est le théâtre d'une vaste offensive terrestre et aérienne de l'armée depuis un mois, a juré de se venger en intensifiant dans les grandes villes sa campagne d'attentats.

Les attentats et attaques de commandos-suicides sont ainsi devenus quasi-quotidiens depuis le lancement de l'offensive, le 17 octobre, à laquelle prennent part quelque 30.000 soldats au sol.

Il y a trois jours, un kamikaze au volant d'une voiture piégée a tué quatre personnes en visant un poste de police de Peshawar, à proximité d'une école où les enfants entraient en cours.

Samedi, un homme avait fait exploser sa voiture au milieu d'un check-point de la police à Peshawar, tuant 15 personnes. La veille, un attentat suicide avait tué 25 personnes en dévastant le siège dans la ville des puissants services de renseignements, l'ISI.

Le 10 novembre, 32 personnes avaient péri dans un attentat à la voiture piégée dans un marché de Charsadda, dans la banlieue de Peshawar.

«Nous lancerons tellement d'attaques que le président, le premier ministre et le gouverneur (du nord-ouest) ne pourront plus s'asseoir dans leur palais», a promis il y a quinze jours Tariq, le porte-parole du TTP.

Les combattants étrangers d'Al-Qaeda ont reconstitué leurs forces dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, et les talibans afghans y ont installé des bases arrière, tous soutenus par les talibans pakistanais.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, des missiles tirés par un drone de l'armée américaine basée en Afghanistan ont d'ailleurs tué, selon des militaires pakistanais, au moins quatre combattants islamistes au Waziristan du Nord, où Washington considère que se replient nombre de talibans afghans.