La pique du président Barack Obama à propos de la liberté d'expression et de la censure sur Internet n'a pas plu aux censeurs chinois. Le message a été effacé sur Internet et diffusé seulement sur une télévision régionale.

La Chine compte plus de 250 millions d'Internautes, et utilise un système extrêmement large et sophistiqué pour contrôler ce qui s'écrit sur la Toile. Le pays est souvent critiqué pour sa muraille de Chine électronique, qui empêche que des informations jugées sensibles sortent du pays ou entrent en Chine.

Lors de sa rencontre avec des étudiants à Shanghai, lundi, le président américain avait répondu longuement à une question sur cette muraille de l'Internet, un point éclipsé par les médias chinois et gommé sur les sites en ligne.

«Je suis un grand partisan de la non-censure» avait notamment dit Barack Obama. «Je reconnais que différents pays ont différentes traditions, mais je peux vous dire qu'aux États-Unis, le fait que nous avons un Internet libre, dont l'accès n'est pas limité, est un élément de force, et je crois que cela doit être encouragé».

Le chef du gouvernement américain a sans doute aussi voulu influencer ses homologues chinois en soulignant que pour lui, la liberté d'expression, y compris les critiques qui l'ennuient, font du président américain «un meilleur leader, parce que je suis obligé d'écouter des opinions que je ne voudrais pas entendre».

Un blogueur chinois qui avait donné une transcription de cet échange a été censuré après 27 minutes. Dans la version de l'agence officielle Chine Nouvelle, il fallait quatre clics pour trouver la version chinoise du dialogue. Seule une télévision de Shanghai a diffusé la conférence en direct. Le site Internet du Quotidien du Peuple n'a pas donné la partie du texte évoquant la censure.

Quand à l'accès au portail de la Maison-Blanche, il est aléatoire depuis la Chine.

Un écrivain bloggueur chinois, Yang Hengjun, basé à Canton, s'est dit impressionné par la remarque d'Obama sur l'agacement que produit chez lui la critique. «Vous voyez, la liberté de parole en Amérique n'est pas donnée au peuple par le président, mais c'est quelque chose que le peuple utilise pour surveiller le gouvernement et le président, pour se protéger», écrit Yang dans un commentaire titré «Pourquoi je blogue.»