Le président américain Barack Obama a ouvert la porte dimanche à une amélioration des relations avec la Birmanie, à qui il a demandé de libérer la dissidente Aung San Suu Kyi et d'organiser des élections «libres» en 2010.

Cette ouverture a été lancée au cours d'une réunion -sans précédent pour un président américain- avec les dix dirigeants de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean), dont le Premier ministre birman Thein Sein, à Singapour.

Dans un communiqué publié à l'issue de cette rencontre de 1h15, les leaders ont salué la politique d'ouverture des États-Unis et insisté sur «l'importance de la réconciliation nationale» en Birmanie.

Il faut, ont-ils ajouté, que «les élections générales prévues en 2010 soient libres, justes, transparentes et ouvertes à tous afin d'être crédibles aux yeux de la communauté internationale».

La junte militaire a annoncé la tenue de ce scrutin mais n'a pas encore fixé de date.

La déclaration commune de l'Asean et des États-Unis, qui a donc été approuvée par le Premier ministre birman, ne fait aucune allusion à Aung San Suu Kyi, l'opposante historique du régime.

Cette dernière, âgée de 64 ans, est exclue de facto du paysage politique pour les élections de 2010 en raison de la prolongation de 18 mois de son assignation à résidence à Rangoun.

Cette sanction lui a été infligée pour avoir brièvement hébergé un Américain qui avait réussi à nager jusqu'à son domicile, situé sur les rives d'un lac.

Les avocats de Mme Suu Kyi ont déposé un recours devant la Cour suprême contre cette condamnation.

Au cours de la réunion à Singapour, M. Obama a demandé au Premier ministre birman la libération de Mme Suu Kyi, comme il l'avait fait la veille dans un discours à Tokyo.

Il a «énuméré les étapes que devait prendre le gouvernement birman: libérer tous les prisonniers politiques, libérer Aung San Suu Kyi, mettre fin aux violences contre les minorités et entamer le dialogue avec les organisations démocratiques», a indiqué un porte-parole de la Maison blanche, Ben Rhodes.

Thein Sein n'a pas répondu à ces demandes mais a salué l'ouverture américaine, selon un participant à la réunion.

A Tokyo samedi, M. Obama avait indiqué que les sanctions «demeureraient jusqu'à ce que des avancées concrètes soient accomplies vers une réforme démocratique».

Obtenir une ouverture de la junte est «un effort à long terme qui requiert beaucoup de patience», a récemment déclaré la secrétaire d'État Hillary Clinton.

Le régime militaire a régulièrement rappelé qu'il refusait les pressions extérieures. Le généralissime Than Shwe, homme fort de la junte, avait ainsi fustigé la semaine dernière l'ingérence «néo-colonialiste» étrangère, évoquant implicitement les pressions exercées par les États-Unis.