Le dalaï lama s'est rendu dimanche dans un monastère tibétain reculé d'un Etat du nord-est de l'Inde, frontalier de la Chine, au début d'une visite à laquelle s'est vivement opposé Pékin qui revendique une partie de ce territoire.

Des milliers de Bouddhistes ont acclamé le chef spirituel des Tibétains, qui vit en exil depuis 50 ans, à son arrivée en hélicoptère près du monastère de Tawang, à 3500 mètres d'altitude, dans l'Etat de l'Arunachal Pradesh, selon un journaliste de l'AFP sur place.

«Nous sommes très heureux et bénis d'accueillir ici sa Sainteté», a déclaré Sarwang Lama, un moine vêtu d'une tunique neuve couleur safran, alors que des posters du dalaï Lama ornaient les murs.

Le lauréat du Prix Nobel de la paix a salué la foule en se déclarant «très heureux» de se trouver à Tawang, deuxième plus grand monastère tibétain en Inde, construit il y a 400 ans, qui fut son premier lieu de résidence après sa fuite du Tibet en 1959.

«Il y a beacoup d'émotions ici», a dit le dalaï lama. «Quand j'ai fui la Chine en 1959, j'étais très faible mentalement et physiquement», a-t-il ajouté. «Les Chinois ne nous ont pas poursuivis en 1959, mais quand je suis parvenu en Inde, ils ont commencé à m'accuser».

Le dalaï lama doit séjourner une semaine dans l'Arunachal Pradesh.

Fin octobre, la Chine avait exprimé sa «ferme opposition» à cette visite, considérée comme une provocation destinée à nuire aux relations entre les deux pays.

La tension est montée ces derniers mois entre la Chine et l'Inde au sujet de leur conflit territorial sur la frontière de l'Himalaya, qui avait provoqué un conflit bref mais sanglant en 1962, la presse faisant état de mouvements de troupes et d'incursions des deux côtés.

La question de l'Arunachal Pradesh, bordé au Nord par le Tibet, reste un sujet sensible dans les relations sino-indiennes même si les deux pays ont mis en place en 2003 un mécanisme de dialogue sur la délimitation de leurs frontières.

Le chef spirituel tibétain avait indiqué le 31 octobre à Tokyo qu'il soutenait l'Inde dans ce conflit frontalier.

Les autorités chinoises accusent le dalaï lama, qui vit en exil à Dharamsala (nord de Inde), de rechercher l'indépendance du Tibet, ce qu'il récuse.

«De la part du gouvernement communiste chinois, c'est complètement sans fondement de dire que j'encourage le mouvement séparatiste», a déclaré le dalaï lama devant la presse.

«Ma visite à Tawang n'est pas politique, elle est destinée à développer la fraternité universelle et à rien d'autre», a-t-il assuré.

Le chef spirituel tibétain a renoncé depuis longtemps à l'indépendance du Tibet et opté pour une diplomatie dite de la «voie moyenne», consistant à réclamer une large «autonomie culturelle» pour cette région.

L'Inde affirme que la Chine occupe 38000 km2 de son territoire au Cachemire. Pékin rétorque qu'une partie de l'Arunachal Pradesh, qui couvre 90000 km2, lui appartient et fait partie du Tibet.