L'armée pakistanaise a affirmé lundi qu'elle s'était emparée de Kanigurram, l'une des principales places fortes des talibans au Sud-Waziristan, dans le nord-ouest du Pakistan.

«Kanigurram a été complètement nettoyée de ses terroristes. Elle est maintenant sous le total contrôle des forces de sécurité», a déclaré le porte-parole de l'armée pakistanaise, le général Athar Abbas, au cours d'une conférence de presse à Islamabad.

«Après une perquisition menée maison par maison, nous avons nettoyé la ville des mines et bombes artisanales. Des quantités importantes d'armes et de munitions ont été saisies», a-t-il ajouté, qualifiant la prise de la ville de «progrès majeur».

Kanigurram était décrite par l'armée comme un important «centre opérationnel» du Mouvement des talibans du Pakistan (TTP) et une base pour les combattants islamistes ouzbeks.

Dimanche, le général Mohammad Ihsan avait affirmé que l'armée avait mis en fuite entre 600 et 800 combattants étrangers, principalement des Ouzbeks, mais aussi des Tchétchènes ou Arabes, qui se trouvaient dans la zone de Kanigurram.

Les militaires ont progressé pendant deux jours rue par rue, affrontant des tirs de snipers et un ennemi retranché dans des bunkers, a précisé l'armée.

Selon le général Athar Abbas, 343 combattants islamistes et 36 militaires ont été tués depuis le début de l'offensive terrestre. Ce bilan ne peut être vérifié de source indépendante, les zones des combats étant inaccessibles à <i>La Presse</i>.

Depuis le 17 octobre, plus de 30.000 soldats, appuyés par des avions de combat, des hélicoptères d'attaque et des tirs d'artillerie lourde, mènent une opération visant à déloger les talibans de leur bastion du Sud-Waziristan, dans les zones tribales frontalières de l'Afghanistan.

L'armée pakistanaise avait remporté le 24 octobre un premier succès symbolique avec la prise de Kotkai, village natal et fief du chef du Mouvement des talibans du Pakistan, Hakimullah Mehsud.

Les autorités pakistanaises, qui avaient tablé sur une opération d'une durée de six à huit semaines dans cette région proche de l'Afghanistan, indiquent désormais qu'elle pourrait prendre fin plus tôt.

L'offensive, menée sur trois fronts, progresse cependant lentement - Kanigurram est à environ 15 kilomètres des lignes de départ de l'armée, à mi-chemin des objectifs les plus importants et les plus éloignés, les villes de Makin et de Ladha.

Près de 250.000 personnes - sur une population estimée à 300.000 habitants dans les districts visés par l'opération - ont fui le Waziristan du Sud, selon les autorités.

Le Pakistan est le théâtre, depuis plus de deux ans, d'une vague d'attentats qui a tué plus de 2.400 personnes, perpétrés pour l'essentiel par des kamikazes du TTP, qui a fait allégeance à Al-Qaeda.