Le projet d'ouverture de «Clubs Polygamie» en Indonésie, sur le modèle de ce qui se fait en Malaisie, a suscité les critiques des groupes féministes et des dirigeants religieux de ce pays majoritairement musulman.

Jugeant le projet provoquant, ils estiment que la quête de multiples épouses est une affaire privée, qui ne peut pas passer par un service de rencontres. Les féministes qui font campagne contre la violence domestique ont le sentiment que le concept même vient saper leurs efforts.

La loi islamique prévoit que les hommes peuvent avoir jusqu'à quatre femmes. Le club se présente donc comme un appui pour les mères célibataires, les anciennes prostituées et les femmes qui craignent de prendre de l'âge sans trouver d'époux. Il se dit prêt aussi à conseiller les futurs foyers polygames. En pratique, il aurait surtout attiré d'anciens adeptes d'une secte musulmane dissidente interdite, Al-Arqam, qui comptait 10.000 adeptes.

Les propriétaires malaisiens des clubs disent vouloir changer la perception des gens sur la polygamie, une pratique qui a sa beauté d'après la présidente du réseau, Hatijah Binti Am, même si certains la décrient. Elle est l'une des quatre épouses du gourou d'Al-Arqam, Ashaari Muhamad, qui a eu 38 enfants, dont huit avec elle.

Une trentaine de familles ont participé à la première réunion à Bandung, dans l'ouest de Java, pour l'ouverture de la première branche indonésienne. D'autres ouvriront, notamment à Djakarta. «L'Indonésie est un pays à majorité musulmane, donc la polygamie peut être un mode de vie ici aussi» estime la porte parole du groupe, Rahoya Mohamad. La pratique parait effectivement gagner dans ce pays laïc, mais les mariages sont célébrés secrètement dans les mosquées, et l'Etat ne les reconnaît pas.

La loi indonésienne permet seulement à un homme de se remarier si sa première épouse est infirme, infertile ou gravement malade. Plusieurs hommes politiques et dirigeants religieux qui ont pris une deuxième épouse sont controversés.