Le Pakistan a été frappé vendredi par trois attaques qui ont fait 23 morts, alors que l'offensive de l'armée contre les combattants islamistes au Waziristan se poursuit sans progrès notables.

Au moins 15 personnes invitées à un mariage dans les zones tribales du nord-ouest du pays ont été tuées dans l'explosion d'une mine au passage de leur minibus. L'explosion a eu lieu à Sorandara, dans le district de Mohmand, sur une route fréquemment utilisée par les forces paramilitaires locales.

La plupart des victimes sont des femmes et des enfants, a indiqué un responsable local, Rasool Khan.

Les forces pakistanaises avaient lancé une vaste opération contre les fondamentalistes islamiques dans les districts de Mohmand et Bajaur en août 2008. Elles avaient annoncé en février 2009 que cette zone avait été nettoyée, après plusieurs mois d'affrontements, mais les incidents se poursuivent.

Le Pakistan a également été frappé vendredi par deux nouveaux attentats, suite d'une vague d'attaques qui a fait 200 morts en 19 jours.

Le premier a visé un poste de contrôle à proximité d'une importante base aérienne à Kamra, à 80 km à l'ouest d'Islamabad, le second un restaurant de Peshawar, la grande ville du nord-ouest.

«Six civils et deux membres des forces aériennes ont été tués dans l'attentat suicide de Kamra», a déclaré à l'AFP le chef de la police locale, Fakhar Sultan. Quinze soldats de l'armée de l'air ont aussi été blessés.

Quelques heures plus tard, une voiture piégée a explosé devant un restaurant de Peshawar, faisant 15 blessés, selon un responsable de l'administration locale, Sahibzada Mohammad Anis.

Peshawar se situe en bordure des zones tribales où les talibans pakistanais et les combattants liés à Al-Qaeda sont fortement implantés. La ville a été frappée par six attaques au cours des quatre derniers mois.

Les attentats de vendredi n'ont pas encore été revendiqués mais ils s'inscrivent dans une vague d'attaques organisées par le Mouvement des Talibans du Pakistan (TTP).

Le TTP, qui a fait allégeance à Al-Qaeda, est tenu pour responsable de la plupart des attentats qui ont fait près de 2.300 morts depuis juillet 2007 à travers le Pakistan.

Samedi dernier, le Pakistan a lancé une offensive dans le Waziristan du Sud, bastion des combattants islamistes au coeur des zones tribales, près de la frontière afghane.

Mais l'opération terrestre, appuyée par des bombardiers, des hélicoptères d'attaque et des tirs d'artillerie lourde, se heurte à la résistance des talibans.

Au sixième jour de l'offensive, 142 insurgés et 20 soldats ont été tués dans les combats, selon un bilan militaire impossible à confirmer de source indépendante.

Alors que plus de 120.000 civils ont déjà fui la région des combats, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s'est plaint vendredi de ne pas avoir accès au Waziristan du Sud.

Plusieurs zones de combat sont hors de portée du personnel humanitaire, qui est confronté à «de très sévères restrictions d'accès», principalement en raison de l'intensité des combats, a déclaré à Genève Jacques de Maio, le chef des opérations du CICR pour l'Asie du sud.

«Ce que nous voyons maintenant, c'est une augmentation, forte et très préoccupante, du nombre de victimes civiles», a-t-il ajouté.

Le terrain d'accès difficile, les mines et les positions fortifiées des talibans a ralenti l'avance des troupes, et l'opération pourrait prendre plus de temps que prévu, selon des sources militaires.

Environ 30.000 militaires sont engagés au sol dans cette opération, selon des officiers. Ils font face, selon divers experts, à environ 10.000 talibans pakistanais, épaulés par un nombre indéterminé de combattants étrangers.