Sept personnes, dont deux kamikazes, ont été tuées mardi dans deux attentats suicides dans l'université islamique d'Islamabad, au quatrième jour de l'offensive terrestre de l'armée pakistanaise contre les insurgés islamistes dans le Waziristan du Sud.

«Sept personnes, dont deux kamikazes, ont péri dans les deux explosions», a déclaré à la presse un responsable municipal, Rana Akbar Hayat. «Une femme fait partie des victimes. Vingt-neuf personnes ont aussi été blessées», a-t-il poursuivi.

Un précédent bilan faisait état de deux tués, dont une étudiante.

Les deux bombes ont explosé à quelques minutes d'intervalle vers 5h, HAE, dans l'université internationale islamique d'Islamabad.

«La première explosion a frappé le bâtiment de la faculté de loi islamique pour garçons. La seconde est survenue dans la cafétéria réservée aux femmes», a déclaré à l'AFP Qudrat Ullah, un étudiant présent sur place et joint par téléphone.

«C'est la panique, les étudiants se précipitent pour donner leur sang, il y a beaucoup de policiers à l'intérieur des bâtiments», a-t-il poursuivi.

Les enquêteurs de police ont confirmé qu'il s'agissait de deux attentats suicides.

Les deux bâtiments étaient environnés de fumée, fissurés par l'impact de l'explosion qui avait aussi détruit toutes les fenêtres, a constaté un correspondant de l'AFP.

Un étudiant qui a refusé de donner son nom a témoigné de la violence de l'explosion dans le département de droit islamique.

«Il y avait des membres humains épars sur le plancher et du sang partout. Mes pieds baignaient dans le sang», a-t-il raconté aux journalistes.

Les images de plusieurs chaînes de télévision ont montré l'arrestation d'un suspect à l'extérieur de la cafétéria, qui a ensuite été conduit dans un véhicule de police vers une destination inconnue.

L'attentat n'a pas encore été revendiqué, mais il survient alors que l'armée pakistanaise a lancé samedi une vaste offensive contre le fief des talibans, dans le Waziristan du Sud, un district tribal du nord-ouest.

«Nous sommes en état de guerre. Ils feront tout ce qu'ils peuvent pour déstabiliser le pays. Ces soi-disant islamistes sont des ennemis de l'islam, des ennemis du Pakistan», a déclaré à la presse le ministre de l'Intérieur, Rehman Malik.

«Même s'ils ne le revendiquent pas, toutes les pistes conduisent au Waziristan du Sud», a-t-il ajouté, devant l'hôpital PIMs.

Le Pakistan est le théâtre, depuis plus de deux ans, d'une vague sans précédent d'attentats qui a tué près de 2.300 personnes, perpétrés pour l'essentiel par des kamikazes du Mouvement des Talibans du Pakistan (TTP), qui a fait allégeance à Al-Qaeda.

Des combats acharnés ont encore opposé mardi l'armée aux insurgés islamistes au quatrième jour de l'offensive terrestre dans le Waziristan du Sud, dans le nord-ouest du pays.

«Les forces de sécurité et les rebelles se sont affrontés toute la nuit dans des combats acharnés, au cours desquels 20 insurgés islamistes et quatre soldats ont été tués», a déclaré à l'AFP un haut responsable militaire sous couvert de l'anonymat.

Près de 100 rebelles et 13 soldats ont péri depuis le début de l'offensive terrestre samedi.

Les chiffres livrés par l'armée ne peuvent jamais être vérifiés de source indépendante, les zones des combats étant inaccessibles.

Environ 25000 militaires sont engagés au sol dans cette opération, selon des officiers. Ils font face, selon divers experts, à environ 10 000 rebelles du TTP dans ce district, épaulés par un nombre indéterminé de combattants étrangers.

Depuis août, date des premiers bombardements et la récente offensive terrestre, plus de 110000 civils ont fui le Waziristan du Sud, selon les autorités pakistanaises et l'ONU.