Pékin, Séoul et Tokyo voient une fenêtre pour relancer les pourparlers sur le nucléaire nord-coréen. Pyongyang a en effet montré des «signes de flexibilité» lors de la visite du chef du gouvernement chinois la semaine dernière, et il faut en saisir l'occasion, ont-ils estimé samedi lors d'une réunion tripartite.

Wen Jiabao s'est rendu la semaine dernière en Corée du Nord pour une visite au cours de laquelle le maître de Pyongyang Kim Jong Il lui a affirmé être disposé à mettre fin à son boycott des pourparlers à Six (Corée du Nord et du Sud, Japon, Russie, États-Unis et Chine), mais a conditionné ce retour à la table des discussions à des progrès dans les négociations bilatérales avec les États-Unis. «Nous devons saisir cette oppportunité et en tirer le meilleur parti pour avancer», a estimé Wen Jiabao lors d'une conférence de presse à l'issue de sa rencontre avec ses homologues japonais et sud-coréen. Il s'agissait de son premier commentaire au sujet de ses entretiens avec Kim, qui ont duré dix heures.

La principale impression qu'il en a retirée est que Pyongyang veut améliorer ses relations avec Washington ainsi qu'avec Tokyo et Séoul: «C'est pourquoi nous soutenons un dialogue constructif et honnête entre la République populaire démocratique de Corée et les États-Unis, contacts bilatéraux qui aideront à faire avancer les discussions sur le nucléaire nord-coréen, a jugé le dirigeant chinois.

«La partie nord-coréenne a montré des signes de flexibilité. Elle a dit ne pas être opposée aux pourparlers à Six et est déterminée à régler les questions en suspens via des discussions bilatérales et multilatérales», a-t-il ajouté.

Washington n'a pas immédiatement réagi publiquement à l'ouverture nord-coréenne. Mais Washington a déjà fait savoir que parler avec la Corée du Nord était possible, dans le cadre de ces pourparlers à Six, dont Pyongyang a claqué la porte après avoir été condamné pour le tir d'un missile en avril, puis un nouvel essai nucléaire en mai dernier.

Au coeur d'un éventuel retour de Pyongyang à la table, il y a les sanctions de l'ONU imposées après ces nouveaux regains de tension: vendredi, le premier ministre japonais Yukio Hatoyama et le président sud-coréen Lee Myung-bak on réaffirmé leur volonté de geler tout aide à Pyongyang tant que le Nord n'aura pas commencé à démanteler son programme d'armes nucléaires.

À l'heure où la pression monte sur elle, la Corée du Nord a pour sa part marqué le 64e anniversaire de la fondation du parti unique par des appels à l'unité autour de Kim, sans aucune mention du dossier du nucléaire.

Pyongyang aspire à envoyer Ri Gun, le No2 de l'équipe de négociateurs du dossier nucléaire, à Washington avant la fin du mois, pour un forum sur la sécurité, selon un diplomate sud-coréen.

Un projet de déplacement, encore officieux, mais qui laisse penser que Ri Gun pourrait bien en profiter pour des rencontrer discrètes avec les responsables américains, afin de préparer le terrain à une éventuelle rencontre directe.

À Washington, le porte-parole du Département d'État Philip Crowley a expliqué que M. Ri avait été invité aux États-Unis par des organisations non-gouvernmentales. Mais qu'aucune décision n'avait encore été prise «sur l'opportunité d'approuver ce voyage».