Au moins 49 personnes, dont sept enfants, ont été tuées vendredi dans un nouvel attentat suicide à la voiture piégée sur un marché bondé de Peshawar, ville du nord-ouest du Pakistan récemment touchée par des attentats sanglants des talibans liés à Al-Qaeda.

Plus de 100 autres ont été blessées, dans l'une des attaques les plus meurtrières dans ce pays, qui porte à près de 2200 le nombre de personnes tuées en un peu plus de deux ans dans plus de 275 attentats, perpétrés pour la grande majorité par des kamikazes du principal mouvement de talibans.

Des dizaines de cadavres affreusement mutilés et brûlés gisaient peu après l'explosion le long d'un autobus réduit à l'état de carcasse fumante et couché sur le flanc par la puissance de la déflagration.

La police estime la charge, cachée dans les portières et les flancs de la voiture, à plus de 100 kg.

«Nous avons reçu 49 cadavres, dont ceux de trois femmes et sept enfants», a déclaré à l'AFP le Dr Zafar Iqbal, du principal hôpital de la ville, ajoutant: «ce sont tous des civils».

Il s'agissait du sixième attentat en quatre mois à Peshawar, la tentaculaire capitale de la Province de la Frontière du Nord-Ouest (NWFP), non loin des zones tribales frontalières avec l'Afghanistan, où l'armée a lancé récemment des offensives contre les talibans pakistanais et leurs alliés étrangers d'Al-Qaeda.

Au total, ces six attentats -dont cinq suicide- ont fait pour l'heure 74 morts. Ils ont, pour la plupart, été revendiqués par le Mouvement des Talibans du Pakistan (TTP), qui a fait allégeance à Al-Qaeda et qui combat le gouvernement et l'armée d'Islamabad, qu'il accuse de s'être alliée depuis fin 2001 à Washington dans sa «guerre contre le terrorisme».

Récemment, le nouveau chef du TTP, Hakimullah Mehsud, a juré de multiplier les attaques contre «l'Amérique et le Pakistan» pour venger la mort de son prédécesseur Baïtullah Mehsud, tué le 5 août dans un des nombreux tirs de missiles guidés américains qui s'abattent régulièrement sur les zones tribales.

Ce nouvel attentat survient après que l'armée, sous la pression des États-Unis, a lancé récemment des offensives dans cette zone frontalière de l'Afghanistan.

Mardi, le porte-parole du TTP, Azam Tariq, avait menacé d'intensifier les attaques contre ceux qui «travaillent pour les intérêts américains». «Nous avons envoyé davantage de kamikazes dans tout le pays et leur avons assigné des cibles», avait-il dit.

Ce regain de violences intervient alors que Barack Obama, qui venait vendredi de se voir décerner le Prix Nobel de la paix, a lancé un vaste réexamen de la stratégie américaine en Afghanistan, huit ans après l'intervention militaire qui a chassé du pouvoir les talibans alliés à Al-Qaeda après les attentats du 11 septembre 2001.

Les talibans afghans ont immédiatement condamné l'attribution du prix à Barack Obama.

Le président américain est notamment appelé à décider dans les prochaines semaines s'il accède ou non à la demande de renforts de son commandant en Afghanistan, le général Stanley McChrystal, qui demande jusqu'à 40000 soldats supplémentaires, malgré l'opposition grandissante des Américains.

Dans tous les cas, les collaborateurs de M. Obama ont signifié que la nouvelle stratégie ferait une place importante au Pakistan, où les Américains ont multiplié les attaques de missiles contre des talibans et Al-Qaeda.

Le porte-parole de M. Obama, Robert Gibbs, a ainsi souligné que «la plupart, sinon presque tous» les membres du réseau d'Oussama ben Laden qui chercheraient à s'en prendre à nouveau aux États-Unis étaient au Pakistan.