Un tribunal militaire birman a rejeté vendredi la demande de libération de l'opposante Aung San Suu Kyi, qui avait fait appel de sa condamnation à une nouvelle période de résidence surveillée, selon des sources gouvernementales.

La lauréate du prix Nobel de la Paix avait fait appel de sa condamnation en août, la jugeant injustifiée. La dirigeante de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) avait été condamnée à 18 mois supplémentaires, pour violation des conditions de son assignation à résidence.

Une sanction dénoncée par l'ensemble de la communauté internationale, car elle va de facto l'empêcher de se présenter aux prochaines élections prévues l'année prochaine.

L'avocat de l'opposante, Nyan Win, a confirmé après la décision de vendredi qu'elle allait désormais porter le cas devant la Cour suprême, dans un délai de 60 jours. En cas de nouveau rejet, il existe un dernier recours, devant une instance d'appel spéciale à Naypyitaw, la nouvelle capitale birmane.

L'avocat a cependant estimé qu'une «fenêtre (juridique, NDLR) a été ouverte» par la cour, qui a accepté que la constitution de 1974, en vertu de laquelle Suu Kyi a été inculpée, était nulle et invalide.

Aung Suu Kyi, qui a déjà passé en détention 14 des 20 dernières années, avait été condamnée le 11 août pour avoir hébergé pendant deux jours, en mai, un Américain arrivé chez elle à la nage.

La dissidente avait été condamnée à trois ans de travaux forcés, une peine commuée en 18 mois d'assignation à résidence par le général Than Shwe, chef de la junte.

Quant à l'Américain, John Yettaw, qui disait être venu la voir pour la prévenir qu'il avait eu une «vision» de son assassinat, il a été condamné à sept ans de prison mais libéré pour raisons humanitaires, et expulsé de Birmanie quelques jours plus tard.

Ce nouveau jugement intervient sur fond de changements au niveau mondial, Washington ayant annoncé la semaine dernière sa volonté de revenir sur sa traditionnelle politique d'isolement envers la junte militaire birmane. Tout en excluant une levée des sanctions.

De son côté, Aung San Suu Kyi a fait une concession, écrivant au chef de la junte, le général Than Shwe, l'informant qu'elle était prête à coopérer avec le régime en vue d'une levée des sanctions contre la Birmanie.