L'homme le plus recherché d'Indonésie, Noordin Mohammed Top, a été tué au cours d'un raid mené jeudi par les forces anti-terroristes deux mois après un double-attentat suicide ayant fait neuf morts à Jakarta.

La traque de Noordin Top, qui durait depuis neuf ans, a pris fin dans une maison du centre de l'île de Java prise d'assaut à l'aube après un siège de plusieurs heures. La mort du Malaisien de 41 ans a été présentée par la police et la classe politique comme une victoire majeure contre le terroriste en Indonésie, le plus grand pays musulman du monde où le recours à la violence est rejeté par l'immense majorité.

Mais «ce n'est pas la fin de la lutte», a déclaré le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono, en ordonnant au chef de la police d'arrêter «ceux qui ne l'avaient pas encore été».

«C'est un revers important pour le terrorisme en Indonésie. Noordin Top était celui qui était le plus décidé à suivre la ligne d'Al-Qaeda», a estimé Sidney Jones, spécialiste de l'islam radical à l'International Crisis Group. «Mais il ne faut pas en déduire que le problème est résolu: il y a encore des militants en fuite et certains peuvent chercher à remplacer Noordin Top».

Expert en explosifs, le Malaisien était considéré comme l'un des «cerveaux» de la vague d'attentats attribués au réseau Jemaah Islamiyah ayant frappé l'Indonésie au début de la décennie. Le plus meurtrier avait tué 202 personnes, pour la plupart des touristes, sur l'île de Bali en 2002.

Sa capture était devenue la priorité absolue de la police indonésienne après le double-attentat suicide qui a mis fin, le 17 juillet, à quatre années de calme dans l'archipel. Les bombes ont tué six étrangers, un Indonésien et les deux kamikazes dans les hôtels Marriott et Ritz Carlton de Jakarta.

Noordin Top, qui changeait sans cesse d'identité, a trouvé la mort dans une modeste maison au milieu des plantations dans un village proche de Solo, une ville du centre de l'île de Java considérée comme une place forte de l'islam radical.

Cette «planque» était louée depuis six mois par un homme de confiance et sa femme, enceinte de six mois.

Agissant sur la base de témoignages recueillis auprès de deux militants interpellés mercredi, les policiers des forces d'élite «ont enfoncé la porte à minuit mais ont reculé après avoir été accueillis par des coups de feu», a expliqué le chef de la police, Bambang Hendarso Danuri.

Les tirs se sont poursuivis jusqu'au lever du jour, où les policiers ont mené une opération éclair pour pénétrer dans la maison, entraînant la mort des quatre hommes.

Parmi ces derniers, figuraient deux proches de Noordin Top, Maruto et Bagus Budi Pranoto, alias Urwah, respectivement «spécialiste de la fabrication de bombes et du recrutement», selon Noor Huda Ismail, un expert du terrorisme en Asie du Sud-Est.

Des armes, des grenades et des explosifs ont été découverts dans la maison, selon la police.

Le recours au terrorisme est promu en Indonésie par une frange ultra-minoritaire inspirée par l'idéologie salafiste et qui serait financée par des mouvements du Moyen-Orient, selon des experts.

Les auteurs d'actes terroristes y sont passibles de la peine de mort, qui a été appliquée en 2008 à trois hommes reconnus coupables d'avoir participé à l'attentat de Bali en 2002.