La Chine a infligé samedi les premières lourdes condamnations, notamment une peine de 15 ans de prison pour un étudiant de 19 ans, après la série d'attaques à la seringue attribuées aux séparatistes musulmans du Xinjiang.

Ces mystérieuses attaques avaient provoqué la semaine dernière à Urumqi, capitale du Xinjiang, des manifestations de Hans, l'ethnie majoritaire en Chine, réclamant plus de sécurité dans une ville déjà sous tension après des violences meurtrières en juillet. Dans le premier procès tenu samedi, Yilipan Yilihamu, un étudiant de 19 ans, a été reconnu coupable par un tribunal d'Urumqi d'«agression avec une substance dangereuse», a indiqué une journaliste de CCTV qui a assisté au procès.

Elle n'a pas précisé son ethnie, mais le nom laisse penser qu'il s'agit d'un Ouïghour, l'ethnie prédominante au Xinjiang.

Selon l'accusation, il a piqué avec une seringue la fesse d'une femme sur un marché de la ville, le 26 août, avant d'être arrêté quatre heures plus tard par la police.

Selon CCTV, le jeune homme n'a pas accepté le verdict et a annoncé qu'il ferait appel.

Dans le deuxième procès qui s'est tenu samedi, Mututaerjiang Tuerdi, un homme de 34 ans, et Aimannisha Guli, une femme de 22 ans, ont été condamnés respectivement à dix et sept ans de prison.

Ils avaient menacé le 29 août un chauffeur de taxi avec une seringue et lui avoir volé 710 yuans (plus de 71 euros), selon CCTV, qui a diffusé des images des deux accusés tête basse, vêtus du gilet orange des prisonniers, face à la cour et surveillés par des policiers.

Contacté par l'AFP, un responsable du tribunal a confirmé les condamnations, sans vouloir donner de détails.

Les autorités avaient promis de lourdes peines pour les auteurs des attaques à la seringue en cas d'injection de produits toxiques.

La police d'Urumqi a fait état de plus de 500 attaques, mais, dans la plupart des cas, selon les autorités, les seringues ne contenaient pas de substances nocives.

Vendredi, le China Daily avait rapporté que des attaques à la seringue avaient eu lieu dans d'autres villes du Xinjiang.

Les manifestations de la semaine dernière ont coûté leur place au numéro un du Parti communiste à Urumqi, Li Zhi, et au directeur du département régional de la sécurité publique (police) Liu Yaohua.

Début juillet, la capitale de la région autonome du Xinjiang avait été le théâtre de violentes émeutes, qui avaient fait 197 morts, en majorité des Hans tués par des Ouïghours.

Ces derniers dénoncent la discrimination dont ils souffrent.

Les premiers procès des émeutiers de début juillet sont toujours attendus.

Officiellement, 83 personnes ont été arrêtées.

Vendredi à Prague, la dissidente ouïghoure Rebiya Kadeer a exhorté les pays démocratiques à exercer une pression sur la Chine et «autres dictatures», en faveur du respect des droits de l'Homme et des minorités.

«La Chine ne peut pas s'isoler du reste du monde, donc une pression de la communauté internationale et des pays démocratiques est d'une grande importance», a affirmé la dissidente ouïghoure.

Les autorités de la Chine accusent Rebiya Kadeer d'avoir fomenté les violences qui ont éclaté en juillet dans le Xinjiang, que les Ouïghours appellent Turkestan oriental.

Le Xinjiang compte près de 20 millions d'habitants, appartenant à 47 ethnies, parmi lesquels les Hans sont passés de 6% à 40% de la population avec la politique de développement de Pékin depuis les années 90.