La Chine, qui cherche à renforcer son contrôle sur l'Internet, a annoncé que les chansons, chinoises ou étrangères, disponibles sur les sites de musique devaient recevoir une autorisation préalable, même si certains experts doutent de l'efficacité d'une telle mesure.

Le ministère de la Culture a expliqué que l'objectif était de renforcer la régulation de l'Internet, de lutter contre le piratage et de protéger les droits de propriété intellectuelle. Selon le journal Global Times, les fournisseurs de musique en ligne devront soumettre les chansons d'ici le 31 décembre, date à laquelle la nouvelle réglementation entrera en vigueur.

Ils devront également traduire les oeuvres étrangères, selon la même source.

Dans un communiqué adressé à l'AFP, le ministère de la Culture a affirmé que cette nouvelle mesure était nécessaire «pour réguler la transmission de l'information culturelle, protéger la culture du pays et préserver l'éthique du public».

Le ministère souligne qu'il s'agit à la fois de lutter contre la pornographie et la violence, mais aussi de «renforcer la protection des droits de propriété intellectuelle».

Selon la Fédération internationale de l'industrie phonographique, jusqu'à 99% des téléchargements de musique en Chine sont illégaux.

Selon un porte-parole du ministère cité par Global Times, un système rapide d'autorisation sera mis en place pour obtenir la réponse sous trois jours.

Selon ce même porte-parole, les chansons composées, enregistrées ou postées par les internautes ne seront pas concernées par cette nouvelle règle.

La Chine dispose de la première population d'internautes au monde (au moins 338 millions).

Pour Liu Ning, analyste de la société BDÀ à Pékin, il s'agit du prolongement des conditions déjà imposées à l'industrie de la musique en ligne, qui doit soumettre les albums étrangers au gouvernement.

«Ces dernières années, le gouvernement chinois a renforcé sa censure des contenus sur l'Internet à mesure que de nouvelles applications comme le partage des vidéos sont devenus de plus en plus populaires», relève-t-il.

Mais, juge-t-il, l'application sera difficile.

«Beaucoup de fournisseurs illégaux ou de sites Internet ne respecteront sûrement pas ces nouvelles règles et continueront leurs services», dit Liu.

«S'il y a des milliers de sites Internet qui fournissent des contenus, comment un gouvernement à lui seul peut-il contrôler tous les contenus en quelques mois?», ajoute-t-il.

Pour sa part, Baidu, le principal moteur de recherches en Chine, souvent critiqué pour permettre aux internautes de télécharger illégalement de la musique, s'est réjoui de cette nouvelle mesure.

«Nous sommes persuadés qu'un environnement plus réglementé de la musique en ligne bénéficiera aux fournisseurs de contenus, aux internautes et aux sociétés Internet elles-mêmes», a dit la société dans un communiqué adressé à l'AFP.

Le gouvernement a renforcé ces derniers mois son contrôle sur l'Internet, officiellement pour lutter contre la pornographie et la violence, mais, selon les groupes de droits de l'Homme, pour contrôler les opinions dissidentes.