Des habitants au Xinjiang (nord-ouest de la Chine) ont pris acte dimanche du limogeage de deux hauts responsables locaux tout en réclamant des mesures supplémentaires après les nouveaux troubles dans la capitale provinciale Urumqi qui ont fait quatre morts.

«Ils (ces limogeages) auront un peu d'impact, mais ce n'est pas ce que nous souhaitions véritablement», a réagi Du Xuelian, un employé travaillant dans un magasin de lunettes à Urumqi.

«Nous voulons qu'ils résolvent les problèmes, et changer les responsables n'est pas vraiment la solution», a-t-il estimé.

«Ces limogeages auront certainement des conséquences, mais, à long terme, régler les choses prendra du temps», a jugé Liu Jialong, employé d'un autre magasin de lunettes.

«Nous espérons que leurs successeurs seront plus déterminés pour s'attaquer aux problèmes», a-t-il espéré.

Des incidents ont éclaté mercredi à Urumqi, suivis de manifestations jeudi et vendredi, déclenchées par la colère de Hans, l'ethnie majoritaire en Chine, après une série d'attaques à la seringue attribuées par les autorités aux séparatistes musulmans Ouïghours de cette région autonome du nord-ouest chinois.

Selon la municipalité, 4 personnes ont été tuées et 14 blessées jeudi dans lors d'incidents dans cette ville de l'extrême-ouest de la Chine de 1,8 million d'habitants.

Le chef du parti communiste de la ville, Li Zhi, et le directeur du département régional de la sécurité publique (police) Liu Yaohua ont été limogés et remplacés, selon Chine Nouvelle.

Le calme était toutefois revenu dimanche à Urumqi où la police armée chinoise (PAP) restait déployée, les forces de l'ordre procédant à des contrôles et des fouilles de sacs dans le quartier ouïghour.

«C'est vraiment triste de devoir vivre ainsi», a confié un commerçant ouïghour de 37 ans sous le couvert de l'anonymat.

Plus de 530 personnes ont consulté un médecin, disant avoir été agressées à la seringue depuis mi-août, selon Chine nouvelle, alors que les autorités ont insisté sur le fait que ces attaques visaient Hans et Ouïghours confondus.

Un panel de spécialistes du corps médical a affirmé à des journalistes que, sur 217 patients examinés, aucun n'avait contracté de maladie associée à des substances radioactives ou à des virus comme ceux de l'hépatite B ou du HIV.

Des violences interethniques avaient déjà éclaté à Urumqi le 5 juillet lorsque des Ouïghours s'en étaient violemment pris à des Hans.

Les jours suivants, des Hans armés de bâtons et de pelles avaient déferlé dans les rues pour se venger, en dépit d'un imposant dispositif policier.

Ces violences ont fait près de 200 morts, selon les autorités chinoises, qui ont accusé la dissidente ouïghoure en exil Rebiya Kadeer d'en avoir été l'instigatrice. Celle-ci le nie, affirmant que les émeutes ont éclaté après la répression brutale d'une manifestation pacifique de sa communauté.