Le dalaï-lama, chef spirituel des Tibétains, en visite à Taïwan, a été accueilli mardi par plus de 10000 personnes pour une cérémonie dédiée aux victimes du typhon Morakot qui a fait au moins 571 morts sur l'île.

«Mon but ici est d'obtenir la bénédiction des victimes du typhon et de conjurer leur malheur», a déclaré le dalaï-lama, devant la foule rassemblée dans un stade de Kaohsiung, dans le sud de l'île.

Arrivé dimanche soir à Taïwan, le chef spirituel tibétain, âgé de 74 ans, a répété que son voyage de cinq jours était uniquement à but humanitaire et ne revêtait aucune dimension politique.

«Les conflits se produisent nécessairement, pour des raisons économiques, politiques, idéologiques, religieuses. Nous devons trouver des solutions pratiques pour les régler. Cela passe par le dialogue», a encore déclaré le dalaï-lama devant la foule.

Lundi, il a visité Hsiaolin, un village du sud de l'île où au moins 424 personnes sont mortes et a fait l'éloge de la démocratie taïwanaise, appelant les Taïwanais à «la préserver».

Une conférence de presse qu'il devait tenir lundi à Kaohsiung, dans le sud de l'île, a été annulée, après qu'un responsable du Kuomintang, le parti au pouvoir, eut souligné que des questions susceptibles de déranger Pékin pourraient être posées.

Le dalaï-lama a été invité à Taïwan par le parti d'opposition démocratique progressiste (DPP), indépendantiste.

Peu après son arrivée, le gouvernement chinois a averti que cette visite allait «nécessairement avoir une influence négative sur les relations entre la Chine continentale et Taïwan».

Avant son arrivée sur l'île nationaliste que la Chine considère comme une de ses provinces, Pékin avait exprimé «résolument» son opposition à ce déplacement.

Mardi, comme la veille, des groupes de manifestants, pour la plupart favorables au rapprochement avec la Chine, ont critiqué la visite du dalaï-lama.

«Dalaï-lama, barbare et militant», pouvait-on lire sur une banderole brandie devant son hôtel à Kaohsiung, par une trentaine de membres du Taiwan Labour Party, une petite organisation favorable à l'unification avec la Chine.

«Les relations avec la Chine sont très importantes. La visite du dalaï-lama à Taïwan est une erreur, car sa présence est trop sensible», a estimé Wu Rong-yuan, le président de ce petit parti.

Pour Chi Hsing, présidente de l'Alliance pour la réunification de la Chine, également fermement opposée à sa visite, «le dalaï lama est plus qu'un moine bouddhiste. C'est un séparatiste qui se consacre depuis longtemps à l'indépendance du Tibet».

Mardi, la presse taïwanaise évoquait de possibles réactions de la Chine à cette visite.

Lundi, une délégation chinoise, conduite par le vice-gouverneur de la banque centrale chinoise, Su Ning, et qui devait participer à une conférence sur la finance organisée par une fondation taïwanaise, a annulé sa visite.

«Ils nous ont prévenus qu'ils ne pouvaient pas venir (...) pour une raison technique. Mais vous comme moi savons la raison», a expliqué à l'AFP le président de la Fondation pour la Finance de Taipei, Sunny Chou.

Par ailleurs, selon le Taipei Times, la Chine pourrait ne pas participer samedi à Taipei à l'ouverture des Deaflympics, compétition multisports réservée aux sourds.