Le Japon a émergé au deuxième trimestre 2009 de sa plus longue récession depuis la Seconde guerre mondiale, stimulé par le redémarrage de son commerce extérieur et par les mesures de relance massives en faveur des ménages.

Le retour de la croissance au Japon ne devrait toutefois pas être suffisant pour éviter la déroute au premier ministre conservateur sortant Taro Aso lors des élections du 30 août prochain. M. Aso, nettement distancé dans les sondages par son rival du Parti Démocrate du Japon (PDJ, centre), Yukio Hatoyama, a affirmé lundi que sa politique économique avait permis à la deuxième économie du monde de sortir de la plus longue récession depuis la fin de la guerre.

Lors d'un débat télévisé avec cinq autres chefs de partis en prévision des élections législatives, il a rappelé que son gouvernement, constitué en septembre 2008, avait annoncé quatre plans de relance au cours des 10 derniers mois.

«Résultat, l'indicateur de croissance a montré aujourd'hui une reprise pour la première fois depuis 15 mois. Ceci indique que les mesures que nous avons prises ont réussi», a-t-il dit savourant son triomphe.

L'annonce d'une progression de 0,9% du produit intérieur brut (PIB) au deuxième trimestre, après cinq trimestres de contraction, est certes un beau cadeau pour M. Aso et les conservateurs du Parti Libéral-Démocrate (PLD), mais il risque d'arriver trop tard pour endiguer la vague sur laquelle surfe l'opposition.

«C'est sûr que c'est un atout pour Aso, a commenté un diplomate. Mais si c'était arrivé il y a 6 ou 3 mois, les gens auraient pu en ressentir un peu les effets. Là, ce ne sera pas suffisant pour dissiper le profond sentiment de morosité.»

Les plans de relance, équivalents à environ 5% du PIB, ont permis notamment de virer de l'argent liquide à chaque ménage pour relancer la consommation et de mettre en place des aides à l'achat de véhicules «propres», réveillant un marché automobile sinistré.

Le chef de l'opposition a affirmé de son côté que les Japonais ne profitaient pas des fruits de la croissance et accusé les conservateurs d'avoir fait reculer le niveau de vie moyen au cours des dix dernières années.

«M. Aso affirme que le Japon entrevoit des signes de reprise économique, mais ce n'est pas du tout ce que les gens ressentent en réalité», a dit M. Hatoyama. Il a affirmé que le revenu annuel moyen des Japonais s'était réduit d'un million de yens (7.500 euros) au cours des dix dernières années, «pourtant qualifiées de prospères par les conservateurs du PLD».

M. Aso, souvent accusé d'être plus proche des grands patrons que des gens ordinaires, a reconnu que le «peuple n'a pas encore ressenti vraiment les effets de la reprise». «Nous sommes encore à mi-chemin. Le retour à la croissance est ma première priorité», a-t-il promis.

«Les chiffres du PIB sont indéniablement une bonne nouvelle pour la majorité à la veille des élections», a estimé Hidekazu Kawai, professeur de science politique à l'Université Gakushuin de Tokyo. «Mais comme la majorité des gens ne peuvent pas ressentir les effets de la reprise, l'impact positif ne va pas durer longtemps».

Masatoshi Sato, économiste chez Mizuho Investors Securities, pense lui que «la victoire du PDJ a déjà été intégrée par le marché». «Les chiffres du PIB ne sont pas suffisamment élevés pour renverser la tendance», a-t-il dit.

Selon tous les sondages, l'opposition devrait remporter les législatives et mettre un terme à plus d'un demi-siècle de domination du PLD au Japon.

«La dynamique est clairement du côté de l'opposition, a estimé le diplomate. Les gens disent qu'ils ont vraiment envie d'essayer autre chose.»