Au moins 23 soldats philippins et une vingtaine de séparatistes musulmans ont été tués mercredi dans des affrontements dans le sud des Philippines, les plus violents à survenir dans la région depuis 2007.

Les corps de 23 soldats et de 20 rebelles du groupe Abu Sayyaf ont été récupérés après d'intenses combats mercredi dans la localité de Ungkaya Pukan, dans l'île de Basilan, a indiqué le général Benjamin Dolorfino.

Les combats ont éclaté après que des militaires eurent investi un camp d'Abu Sayyaf. Ils y ont découvert plusieurs bombes artisanales, prêtes à l'emploi, et récupéré treize armes à feu de forte puissance, selon le général.

Au moins quatre soldats blessés ont été aperçus, transportés par hélicoptères jusqu'à Zamboanga.

Les soldats ayant ramené les cadavres dans la ville portuaire de Zamboanga ont indiqué que plusieurs de leurs camarades avaient été apparemment touchés par des tirs de sniper.

Les combats ont cessé, mais l'armée nettoie toujours la zone, pour être sûr qu'aucun insurgé n'y est encore présent, selon le général Dolorfino. Des soldats ont également pris en chasse d'autres membres d'Abu Sayyaf, a-t-il ajouté.

Ces affrontements sont les plus sanglants depuis qu'au moins 29 soldats ont été tués en juillet et août 2007, au cours de combats avec Abu Sayyaf.

Le groupe Abu Sayyaf, soutenu un temps, selon des services de renseignement, par Al-Qaeda, est responsable de plusieurs attentats à la bombe et d'enlèvements de masse contre rançon dans le sud des Philippines, visant principalement les chrétiens et les étrangers.

Plusieurs otages ont été tués quand la rançon n'était pas versée suffisamment rapidement.

Fondé par Abubakar Abdurajak Janjalani dans le but d'instaurer un État islamique dans le sud de ce pays catholique, il a été porté par le Département d'État américain sur sa liste d'organisations terroristes étrangères.

Même si l'armée philippine a tué ou capturé -en partie avec l'aide des États-Unis- plusieurs dirigeants d'Abu Sayyaf, le groupe reste actif. En janvier, il avait pris en otage trois membres de la Croix-Rouge pendant plusieurs mois.

Deux des otages avaient été libérés en avril, le troisième, l'Italien Eugenio Vagni, n'étant libéré que le 12 juillet, après environ six mois de captivité.

Selon Pedro Cabuay, un ancien général qui dirige désormais l'Agence nationale de coordination du renseignement (NICA), les effectifs d'Abu Sayyaf seraient tombés à environ 300 combattants, contre près de 2000 dans les années 1990.

Le groupe, qui s'est fait connaître au niveau international en 2000, avec l'enlèvement de plusieurs touristes occidentaux et asiatiques sur l'île malaisienne de Sipadan, entretiendrait également des liens avec une trentaine de membres étrangers du réseau radical Jemaah Islamiyah (JI), dont deux experts en explosifs recherchés dans le cadre des attentats de Bali (Indonésie), en 2002.