La nouvelle condamnation de l'opposante birmane Aung San Suu Kyi pour l'empêcher de participer aux prochaines élections a déclenché un tollé de protestations. Le secrétaire général des Nations unis, Ban Ki-Moon, a exigé sa libération «immédiate et inconditionnelle».

Le secrétaire général des Nations unies a aussi demandé qu'elle soit considérée «sans tarder comme un acteur essentiel dans le processus de dialogue et de réconciliation» nationale.

Aung San Suu Kyi «n'aurait pas dû être jugée et n'aurait pas dû être condamnée», a renchéri la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton.

L'Union européenne a été la première à ouvrir le feu avec l'annonce de nouvelles sanctions contre la junte. « L'UE répondra par de nouvelles mesures ciblées à l'encontre des responsables de ce verdict» et «renforcera encore les mesures restrictives» déjà adoptées, a averti la présidence suédoise de l'UE. Les Européens veulent agir avec tous leurs partenaires et comptent sur les pressions des pays d'Asie pour obtenir la libération de l'opposante.

Les premières réactions vont dans ce sens. La Malaisie a appelé mardi à une réunion d'urgence de l'Association des Nations d'Asie du Sud-Est (Asean) «pour évoquer cette question, qui suscite une grande inquiétude».

«Avec cette condamnation, Aung San Suu Kyi n'a aucun moyen de participer à l'élection générale de l'année prochaine, qui devrait être libre et juste», a expliqué le chef de la diplomatie malaise, Anifah Aman.

L'Asean groupe la Thaïlande, la Malaisie, Singapour, l'Indonésie, les Philippines, Brunei, le Vietnam, le Laos, la Birmanie et le Cambodge.

L'Australie a également fait part de sa réprobation et invité les dirigeants birmans à revenir sur cette sentence pour éviter de nouvelles sanctions, a souligné son ministre des Affaires étrangères, Stephen Smith.

Aung San Suu Kyi a été condamnée mardi à trois ans de prison et de travaux forcés pour avoir enfreint les règles de son assignation à résidence, mais le chef de la junte, Than Shwe, a commué la peine en 18 mois de résidence surveillée.

La lauréate du prix Nobel de la paix, âgée de 64 ans et de santé fragile, a déjà été privée de liberté pendant 14 des 20 dernières années.

Si aucune mesure de clémence n'est annoncée d'ici 2010, elle ne pourra pas participer aux élections nationales fixées pour l'année prochaine par la junte, ce qui est «inacceptable», a jugé le chef de la diplomatie belge Yves Leterme, en visite au Vietnam.

Cette condamnation «honteuse», qui relève de la «mascarade politique», selon Amnesty International, a «attristé» et mis «en colère» le premier ministre britannique Gordon Brown.

La Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) a pressé la communauté internationale d'agir pour mettre fin à la répression «inhumaine» en Birmanie.

Le chef de l'État français Nicolas Sarkozy a pour sa part réclamé de nouvelles sanctions. Une démarche soutenue par les autorités italiennes et néerlandaises, qui ont insisté sur le caractère «ciblé» des nouvelles sanctions, pour «épargner le plus possible la population».

Les Européens ne sont jamais parvenus jusqu'ici à s'entendre sur ce point.

Si l'UE mettait ses menaces à exécution, le groupe pétrolier français Total serait en première ligne, avait souligné en mai le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, indiquant que cette question était examinée par Paris.

Une des actions réclamée par les soutiens de Aung San Suu Kyi est «le compte séquestre», dispositif prévu par l'ONU, pour les revenus versés par Total à la Birmanie pour l'exploitation des gisements gaziers.

Mais le président Sarkozy n'a pas évoqué Total ni l'idée du compte séquestre, rejetée par la direction du groupe pétrolier. Il a simplement mentionné les revenus tirés de l'exploitation du bois et des rubis.

Le premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt a pour sa part évoqué de «nouvelles restrictions commerciales pour les compagnies appartenant à l'État» birman et «une interdiction d'entrée dans l'UE pour les quatre personnes clés responsables de la décision» de condamner Aung San Suu Kyi.

Les sanctions européennes contre la Birmanie, renforcées en 2007, incluent déjà une interdiction d'entrée dans l'UE et un gel des avoirs d'une dizaine de responsables de la junte, la limitation des relations diplomatiques, une interdiction d'importation sur le bois, les métaux, les minerais et les pierres précieuses ou semi-précieuses, ainsi que sur de nouveaux investissements dans des entreprises birmanes de ces secteurs et un embargo sur les armes.