Viktor Bout, trafiquant d'armes russe présumé surnommé le «Marchand de Mort», devrait être fixé sur son sort mardi en Thaïlande où une cour criminelle décidera de son éventuelle extradition vers les Etats-Unis où il est accusé de terrorisme.

Bout, 42 ans, ex-officier de l'armée de l'air soviétique converti dans les affaires, avait été arrêté le 6 mars 2008 dans un hôtel de Bangkok après avoir rencontré des agents américains qui l'avaient piégé en se faisant passer pour des responsables des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) cherchant à acheter des missiles et des lance-roquettes.

L'accusé, qui aurait inspiré le personnage joué par l'acteur américain Nicolas Cage dans le film «Lord of War», a été surnommé le «Marchand de Mort» en Occident en liaison avec les fournitures d'armes qu'on lui attribue depuis plus de quinze ans entre l'Afrique et l'Amérique du sud en passant par l'Afghanistan, les talibans et Al-Qaïda.

Depuis son arrestation, il est détenu dans une prison de haute sécurité de la banlieue est de Bangkok. En septembre 2008, une cour criminelle a ouvert des audiences pour déterminer s'il existe suffisamment d'éléments pour extrader Viktor Bout vers les Etats-Unis. Des représentants russes ont suivi de près ce processus.

Alla Bout a déclaré au tribunal que son époux était totalement innocent et que ses activités se limitaient à diriger en toute légalité une entreprise de transport aérien qui a fermé en 2001.

Dans une rare interview diffusée en mars dernier par la chaîne de télévision britannique Channel 4, Viktor Bout a lui-même qualifié de «mensonges» les affirmations selon lesquelles il aurait traité avec les talibans et Al-Qaïda.

«Je n'ai jamais fourni d'armes et, en particulier, je n'ai jamais conclu la moindre affaire avec Al-Qaïda», a assuré cet homme corpulent, à la moustache épaisse, qui parlerait six langues et disposerait de huit identités différentes.

Durant les audiences en Thaïlande, Viktor Bout était vêtu de l'uniforme orange des détenus et ses pieds étaient entravés par des chaînes.

Né au Tadjikistan en 1967, il a démenti à plusieurs reprises être un ancien agent du KGB mais, lorsque l'ex-URSS s'est effondrée, il s'est vite converti dans les affaires au début des années 1990 et Amnesty International a affirmé qu'à un moment, il dirigeait une flotte de plus de 50 avions acheminant des armes à travers l'Afrique.

En raison de soupçons de trafic d'armes au Liberia, Viktor Bout avait été placé en 2004 par les Etats-Unis sur une liste interdisant toute transaction entre des Américains et le ressortissant russe.

En mai 2008, deux mois à peine après son arrestation à Bangkok, le ministère américain de la Justice a officiellement révélé quatre chefs d'accusation à l'encontre de Viktor Bout.

La justice américaine lui reproche d'avoir tenté de vendre des armes aux Farc et d'avoir comploté pour tuer des ressortissants américains. Il est aussi accusé de complot visant à tuer des responsables et employés américains et de complot pour acquérir des missiles anti-aériens.

Aux Etats-Unis, Viktor Bout risque la prison à vie. Il a la possibilité de faire appel de la décision d'extradition qui pourrait être prononcée mardi à Bangkok.