Sa visite en Corée du Nord a pris tout le monde par surprise, tout comme le dénouement de sa mission : moins de 24 heures après son arrivée à Pyongyang pour y négocier la libération de deux journalistes américaines, Bill Clinton a obtenu satisfaction et décroché un succès immédiat à son retour sur le devant de la scène.

Lors d'un entretien avec le leader de la Corée du Nord, Kim Jong-Il, l'ancien président a obtenu la grâce et la libération de Laura Lin et Euna Lee, pour le comportement desquelles il aurait présenté des excuses, selon l'agence officielle nord-coréenne KCNA. Il est rentré aux États-Unis avec elles.

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«La mesure prise pour libérer les journalistes américaines est une manifestation de la politique humanitaire et éprise de paix de la République populaire démocratique de Corée», a annoncé l'agence.

Bill Clinton était-il en mission commandée par la Maison-Blanche? Ce voyage et son dénouement laissent-ils présager un rapprochement entre Washington et Pyongyang sur la question nucléaire ? Et quel rôle la secrétaire d'État Hillary Clinton a-t-elle joué dans cette affaire?

Les questions étaient plus nombreuses que les réponses à la fin de la journée d'hier. La Maison-Blanche a nié avoir orchestré la mission de Bill Clinton. Le site Politico a néanmoins affirmé que Barack Obama avait donné il y a plusieurs semaines son accord à la visite de l'ancien président.

«Il s'agit d'une mission à caractère uniquement privé pour obtenir la libération des deux Américaines et nous ne faisons pas de commentaires. Nous ne voulons pas mettre en péril le succès de l'ancien président», a déclaré Robert Gibbs, porte-parole de la présidence américaine.

La Maison-Blanche a également démenti une information diffusée par l'agence KCNA selon laquelle Bill Clinton aurait transmis à Kim Jong-Il un message verbal de Barack Obama.

De son côté, Pyongyang a donné à entendre que l'ancien président américain et le leader nord-coréen n'avaient pas seulement abordé la question des journalistes américaines lors de leurs discussions. «Il y a eu un large tour d'horizon sur les questions d'intérêt commun», a précisé l'agence KCNA.

Les observateurs aguerris n'ont pas manqué de relever que Bill Clinton avait été accueilli à sa descente d'avion par le vice-ministre des Affaires étrangères, Kim Kye-gwan, qui est le négociateur principal de la Corée du Nord dans le dossier du désarmement nucléaire de Pyongyang.

Les relations entre les États-Unis et la Corée du Nord se sont détériorées après l'essai nucléaire réalisé par Pyongyang le 25 mai et le tir de deux nouveaux missiles à courte portée le 4 juillet. Il y a deux semaines, Hillary Clinton a déclaré que la Corée du Nord n'avait «plus d'amis» pour la mettre à l'abri de sanctions internationales. En réponse, Pyongyang a décrit la secrétaire d'État comme une écolière «inintelligente» et annoncé la fin de toute discussion sur son désarmement.

Tout comme la Maison-Blanche, l'entourage d'Hillary Clinton s'est montré prudent sur la mission du mari de la chef de la diplomatie américaine.

«Ce qui nous intéresse est l'issue heureuse de ce dossier et la confirmation du retour des deux journalistes saines et sauves», a déclaré sous le couvert de l'anonymat un membre de la délégation de la secrétaire d'État lors d'une escale à Rota, dans le sud de l'Espagne, dans le cadre de sa tournée en Afrique.

Journalistes à Current TV, une chaîne fondée notamment par Al Gore, Laura Ling, 32 ans, et Euna Lee, 36 ans, avaient été arrêtées le 17 mars alors qu'elles venaient d'entrer illégalement en territoire nord-coréen par la Chine. Elles avaient été condamnées en juin à 12 ans de travaux forcés pour avoir franchi la frontière sans autorisation, pour «dénigrement» du régime et pour un «crime grave» dont les juges n'avaient pas précisé la nature.