Les États-Unis prennent «très au sérieux» les préoccupations sur une coopération militaire entre la Birmanie et la Corée du Nord, a affirmé la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, mardi à son arrivée en Thaïlande pour un forum régional sur la sécurité.

«Nous savons qu'il y a des préoccupations croissantes sur une coopération militaire entre la Corée du Nord et la Birmanie que nous prenons très au sérieux», a-t-elle déclaré, estimant que cette coopération pourrait «déstabiliser» la région.

Les craintes de liens militaires entre ces deux États parias aux yeux de l'occident ont été alimentées le mois dernier par des déclarations de responsables américains affirmant qu'un bateau nord-coréen suspecté de transporter des armes se dirigeait vers la Birmanie. Le cargo, Kang Nam 1, était surveillé par la marine américaine dans le cadre d'une nouvelle résolution de l'ONU sanctionnant l'essai nucléaire nord-coréen de mai.

Les médias officiels birmans avaient déclaré tout ignorer de ce cargo-là. Ils avaient bien fait état de l'arrivée prochaine d'un bateau nord-coréen, mais appelé Dumangang et transportant du riz.

Le mois dernier aussi, un groupe de Birmans en exil avait diffusé des images représentant, selon eux, un réseau de tunnels secrets construits par des experts nord-coréens sur le territoire birman. La Birmanie avait rompu ses liens diplomatiques avec la Corée du Nord en 1983, après une tentative avortée d'assassinat de l'ancien président sud-coréen Chun Doo-Hwan par des agents nord-coréens sur son territoire. Mais les deux pays avaient repris leurs relations en 2007.

Mme Clinton est arrivée mardi à Bangkok en provenance d'Inde. Elle est attendue mercredi sur l'île de Phuket, dans le sud de la Thaïlande, où se tiendra jeudi le Forum régional de l'Association des Nations d'Asie du Sud-Est (Asean) sur la sécurité (ARF). Birmanie et Corée du nord promettent d'y dominer les débats. L'ARF regroupe les 10 membres de l'Asean (Thaïlande, Malaisie, Singapour, Indonésie, Philippines, Brunei, Vietnam, Laos, Birmanie, Cambodge) et 17 pays ou blocs dont, aussi, l'Union européenne, la Russie ou la Chine.

À l'issue d'un entretien avec le Premier ministre thaïlandais, Abhisit Vejjajiva, la secrétaire d'État américaine s'en est d'ores et déjà aussi prise à la situation des droits de l'Homme en Birmanie. «Nous sommes profondément préoccupés par les informations de violations continues des droits de l'Homme en Birmanie et particulièrement par des actions qui sont attribuées à des militaires birmans concernant des mauvais traitements et des abus sur des jeunes filles», a-t-elle déclaré.

La Birmanie, membre de l'Asean depuis 1997, a provoqué un tollé international en incarcérant mi-mai l'opposante Aung San Suu Kyi pour violation présumée des règles de son assignation à résidence. En procès, la Prix Nobel de la Paix encourt jusqu'à cinq ans de prison.

Selon des responsables américains, l'un des objectifs de la première participation à l'ARF de Mme Clinton sera de tenter de ramener la Corée du Nord à la table des négociations sur sa dénucléarisation. Elle devrait rencontrer un à un les chefs de la diplomatie des pays impliqués, comme les États-Unis, dans ces pourparlers: Chine, Japon, Russie, Corée du Sud. Pyongyang, qui a quitté les négociations après avoir été condamnée par l'Onu pour un tir de fusée en avril et qui a encore fait monter la pression avec son essai nucléaire en mai, envoie une délégation à Phuket, mais pas son ministre des Affaires étrangères.

En marge de la réunion, Mme Clinton devrait aussi signer un pacte de non-agression avec l'Asean, signe selon des analystes et diplomates de la volonté des États-Unis de renforcer des liens avec une région où la Chine a déjà largement avancé ses pions.