Deux attentats survenus quasi simultanément hier dans des hôtels de luxe de Jakarta, en Indonésie, ont fait au moins neuf morts et plus de 50 blessés, dont trois Canadiens. Des diplomates du monde entier se sont empressés de dénoncer les attaques dans les heures qui ont suivi.

Un peu avant 8h hier matin, des bombes ont explosé à l'hôtel Marriott et au Ritz-Carlton de Jakarta. L'homme d'affaires canadien Edward Thiessen, qui habite St. Catharines, en Ontario, s'apprêtait à déguster son déjeuner à l'hôtel Marriott quand la bombe a explosé, a-t-il raconté à La Presse Canadienne.

 

Une intense lumière orange a surgi et l'homme de 50 ans a été projeté sur un mur. Quand il a repris ses esprits, l'air était rempli de poussière et des gicleurs l'aspergeaient.

M. Thiessen et les deux autres Canadiens ont été transportés à l'hôpital, où on les a soignés pour des brûlures et des coupures mineures.

Selon la police, la première explosion, survenue à l'hôtel Marriott, a été provoquée par un terroriste qui s'est fait passer pour un client. La seconde explosion a suivi cinq minutes plus tard au Ritz-Carlton.

Les victimes sont principalement des touristes américains, australiens, indiens, néerlandais, norvégiens et sud-coréens. Bien que le double attentat n'ait pas été revendiqué, le groupe islamiste Jemaah Islamiyah, soupçonné de liens avec Al-Qaeda, pourrait en être l'auteur.

Du matériel et une autre bombe, qui a été désamorcée, ont été découverts dans une chambre du Marriott. C'est la deuxième fois que cet hôtel est la cible de terroristes.

Le 5 août 2003, l'établissement avait été visé par un attentat qui avait tué 12 personnes et qui avait été revendiqué par la Jemaah Islamiyah.

Les attentats d'hier sont donc les premiers à Jakarta depuis 2004 et marquent le retour du terrorisme dans le plus grand pays musulman du monde, selon les experts.

Dans les heures qui ont suivi les attentats, le secrétaire parlementaire canadien, Deepak Obhrai, qui était de passage à Jakarta, et l'ambassadeur canadien en Indonésie, John Holmes, ont visité les victimes canadiennes.

Le ministre canadien des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a quant à lui déclaré: «Le Canada condamne ces actes lâches de violence et offre ses condoléances aux familles qui ont perdu des proches.»

Le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies et le président des États-Unis, Barack Obama, ont aussi condamné les attentats.

 

Un revers pour la région

Les attentats de Jakarta constituent un sérieux revers pour les pays de l'Asie du Sud-Est, qui ont tendance à agir en ordre dispersé face à la menace terroriste, selon des experts. Les attaques, qui ont fait au moins neuf morts, ont ravivé le spectre du terrorisme islamiste dans cette immense région. «Les gouvernements de l'Asie du Sud-Est se révèlent inefficaces dans la lutte contre les terroristes, car ils pèchent par excès de confiance quant à leurs capacités», avertit le politologue indonésien Bantarto Bandoro. Cet excès de confiance est lié à l'absence d'attentats de grande ampleur au cours des dernières années à la suite de la vaste offensive menée contre la mouvance clandestine islamique, notamment le réseau de la Jemaah Islamiyah («Communauté islamique»). «Même si certains de leurs membres sont arrêtés, ces terroristes ne s'arrêteront pas. Leur réseau est très étendu», prévient M. Bandoro. AFP