La tension restait très forte lundi à Urumqi où les forces de sécurité ont tiré des coups de feu dans un quartier musulman pour repousser des Ouïgours. Deux personnes «soupçonnées de violer la loi» ont été abattues et une autre a été blessée, ont annoncé les autorités municipales. Les habitants restent sur leurs gardes dans la crainte de nouvelles violences.

«Selon les premières informations, des membres de la sécurité publique qui patrouillaient ont repéré un groupe de trois contrevenants présumés ouïgours, munis de longs couteaux et de bâtons, qui prenaient en chasse un autre Ouïgour», a indiqué le gouvernement d'Urumqi dans un communiqué. «La police a, en toute légalité, ouvert le feu, faisant deux morts chez les suspects et blessant un suspect», a-t-il dit, en précisant que le blessé avait été hospitalisé.

 

Des témoignages recueillis par l'AFP avaient fait un peu plus tôt état de ces coups de feu dans un quartier musulman d'Urumqi. À l'arrivée de l'AFP dans le quartier, les forces de l'ordre repoussaient quelque 200 personnes du Bazar, le marché oriental, et avaient entrepris de bloquer l'accès à la zone qui avait rouvert au trafic à peine quelques heures plus tôt. Magasins et restaurants ont tiré le rideau après les tirs.

 

Ces événements se sont produits huit jours après les émeutes et les troubles interethniques qui ont opposé les Ouïgours, principale minorité de la région autonome du Xinjiang, aux Hans, ethnie majoritaire en Chine, faisant 184 morts et 1 680 blessés, dont 216 graves, selon le dernier bilan officiel.

 

Après les nouveaux incidents de lundi, certains habitants ont exprimé leur désespoir. «Nous étions si contents que les choses rentrent dans l'ordre!», a déploré un médecin ouïgour.

 

Lundi matin, alors que certains magasins gardaient portes closes, d'autres commerçants avaient entrepris de réparer leurs devantures endommagées dans la flambée de violence qui a saisi Urumqi le 5 juillet, lorsque des émeutiers ouïgours s'en sont pris aux Hans, l'ethnie majoritaire en Chine. Quatre jours après que les autorités eurent annoncé que la situation était «sous contrôle» à Urumqi, des centaines de policiers continuaient néanmoins leurs patrouilles.

 

Durant le week-end, Zhou Yongkang, un des neuf membres du bureau politique du Parti communiste (la haute direction du PCC), chargé des affaires de police et de justice a appelé pendant sa visite dans le Xinjiang, à ériger un «mur d'acier» contre les «forces hostiles», selon Chine Nouvelle.

 

Des bannières rouges flottaient dans la ville, barrées de slogans: «Vive l'unité des groupes ethniques» ou encore «À bas la menace séparatiste». Des camions sillonnaient aussi la capitale régionale, équipés de haut-parleurs qui diffusaient des messages appelant le peuple à coopérer et à maintenir la stabilité sociale.

 

La presse chinoise s'est faite lundi l'écho de la douleur des familles à la recherche de proches disparus, alors que les deux maisons funéraires désignées étaient pleines de victimes. Une semaine après les émeutes, seuls 63 corps avaient été récupérés par les familles, ont précisé les médias.

 

«Je ne peux pas décrire l'état d'esprit de ces familles quand elles viennent réclamer les corps. Comment accepter que ceux que l'on aime meurent de cette façon? Tout notre personnel pleure avec elles», a dit le responsable d'une des deux morgues au China Daily.