Le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono, donné réélu mercredi, est un ancien officier pendant la dictature devenu un homme d'État respecté pour avoir donné son essor à une démocratie née dans la douleur.

 

À 59 ans, SBY, comme il est communément surnommé, semble avoir le physique de l'emploi aux yeux de ses concitoyens, qui sont plus de 60% à l'apprécier, ont révélé de récents sondages. Sa stature imposante symbolise l'autorité de l'ancien général qu'il a été. Son visage rond lui donne un air rassurant et paternel.

SBY ne cultive pourtant guère son charisme. Il sourit peu, parle posément, sans émotion, et sa seule passion dévoilée est celle de la musique. Il a sorti trois disques de ballades qu'il écrit à ses «rares heures perdues».

La réélection de ce «centriste» déclaré pour un second mandat de cinq ans marque le point d'orgue d'une carrière menée quasiment sans faute.

Né le 9 septembre 1949 dans l'est de l'île de Java et élevé par une mère divorcée, SBY a progressivement monté les échelons dans l'armée jusqu'au grade de général. Il a étudié dans des instituts aux États-Unis et en Europe, ce qui lui a donné la réputation d'un «militaire intellectuel».

Après la chute du dictateur Suharto en 1998, SBY est nommé ministre de la Sécurité par la présidente Megawati Sukarnoputri. Il coordonne la lutte contre le terrorisme après les attentats de Bali (202 morts) en 2002, ce qui accroît sa popularité.

Parallèlement, il met sur pied le Parti démocrate, machine de guerre pour l'élection présidentielle de 2004. Pari réussi puisqu'il écrase Megawati au second tour avec 61% des voix.

En arrivant au pouvoir, il hérite d'une situation particulièrement difficile: menaces terroristes, tensions séparatistes et communautaires, corruption endémique, pauvreté massive. À cela s'ajoute le choc provoqué, deux mois après sa prise de fonction, par le tsunami du 26 décembre 2004, qui dévaste le nord de l'île de Sumatra et tue plus de 168.000 personnes.

Près de cinq ans plus tard, SBY se montre «fier» de la stabilité affichée par son pays, crédité de l'un des meilleurs taux de croissance en Asie malgré la crise. Son bilan est, à ses yeux, sa meilleure réponse à ceux qui critiquent son «indécision» et son «manque d'audace».

Jugé intègre, SBY est le plus pauvre des candidats aux élections avec une fortune déclarée d'environ 900.000 dollars. Son épouse, née dans une grande famille javanaise, est très influente à ses côtés et l'un de ses fils, Edhie Baskoro Yudhoyono, suit ses traces. Il a été brillamment élu dans son fief de l'est de Java aux élections législatives d'avril.