La junte birmane a mis son veto, samedi, à une entrevue entre le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et l'opposante Aung San Suu Kyi, un refus que M. Ban a qualifié de «revers pour la communauté internationale».

«Je suis profondément déçu», a déclaré à des journalistes M. Ban, au dernier jour de sa visite.

«C'est un revers pour la communauté internationale et une occasion manquée pour les autorités birmanes», a-t-il déploré.

Cette fin de non-recevoir lui a été opposée à Rangoun lors d'une nouvelle entrevue, samedi matin, avec le généralissime Than Shwe qu'il avait déjà rencontré la veille dans la nouvelle capitale de Naypyidaw (centre).

Rencontrer Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la Paix, aurait représenté «un signe important de la volonté du gouvernement de prendre le type d'engagement fort, essentiel si l'on veut que les élections de 2010 soient crédibles», a déclaré M. Ban à Bangkok après avoir quitté la Birmanie.

«Je crois que le gouvernement birman a manqué une occasion unique de démontrer sa détermination en faveur d'une nouvelle ère d'ouverture politique», a-t-il ajouté.

Pour justifier son refus, la junte a invoqué le fait que Mme Suu Kyi faisait actuellement l'objet d'un procès.

La figure de proue de l'opposition est incarcérée depuis la mi-mai dans la prison d'Insein (nord de Rangoun) pour violation supposée des règles de son assignation à résidence, en recevant un Américain.

Elle est passible de cinq ans de prison et risque donc d'être écartée du paysage politique alors que des élections seront organisées l'année prochaine.

M. Ban était arrivé vendredi en Birmanie pour une mission qu'il avait lui-même qualifiée de «très difficile».

Il espérait faire bouger les choses sur les plans politique et des libertés, au risque de voir son prestige terni en cas d'échec face aux généraux qui gouvernent le pays, un des plus fermés du monde.

Samedi, le secrétaire général de l'ONU a brossé devant des diplomates à Rangoun le portrait de la Birmanie démocratique dont il souhaite l'avènement.

«Je suis ici aujourd'hui pour vous dire: Birmanie, tu n'es pas seule. Nous voulons travailler avec toi pour que tu sois un pays unifié, pacifique, prospère, démocratique et moderne», a lancé M. Ban.

Mais «le bilan de la Birmanie en matière de droits de l'Homme reste un sujet de grave préoccupation», a-t-il ajouté. «Pour être crédibles, les prochaines élections (...) doivent assurer la participation de tous et être transparentes», a-t-il conclu.

Le refus de la junte de laisser M. Ban rencontrer Aung San Suu Kyi a été critiqué par le premier ministre britannique Gordon Brown qui a évoqué la possibilité de nouvelles sanctions internationales contre le régime birman.

«Le régime birman va forcer la communauté internationale à examiner un renforcement de son isolement et la possibilité de nouvelles sanctions», a-t-il dit.

L'ONU n'a cessé d'exiger la libération de tous les prisonniers politiques en Birmanie dont elle estime le nombre à 2000, ainsi qu'une démocratisation du système politique. Ces efforts n'ont, pour l'instant, abouti à aucun résultat tangible.

Mme Suu Kyi, 64 ans, secrétaire générale de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) et prix Nobel de la Paix, a été privée de liberté pendant plus de 13 des 19 dernières années.

Son procès devait reprendre vendredi avec l'audition d'un témoin de la défense mais il a été ajourné jusqu'au 10 juillet.