Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a débuté vendredi sa visite en Birmanie par une double requête à l'adresse de la junte: une entrevue avec l'opposante Aung San Suu Kyi et la libération de tous les prisonniers politiques.

Arrivé vendredi matin à Rangoun pour un mission qu'il a lui-même qualifiée de «très difficile», M. Ban s'est entretenu avec le numéro un birman, le généralissime Than Shwe. «Je lui ai dit que je voulais la voir (Aung San Suu Kyi) en personne. Il m'a dit qu'elle faisait l'objet d'un procès mais je lui ai dit que telle était ma requête, que c'était important et que j'attendais la réponse», a déclaré Ban Ki-moon à des journalistes à l'issue de sa rencontre dans la nouvelle capitale de Naypyidaw (centre).

Avant l'entretien, le général Than Shwe est apparu en uniforme devant les journalistes mais il n'a dit mot.

Le secrétaire général sud-coréen, dont la visite s'achève samedi, a également indiqué avoir réitéré son appel à la libération de plus de 2.000 prisonniers politiques détenus, selon l'ONU, dans les geôles birmanes.

L'ONU n'a cessé d'exiger la libération de tous les prisonniers politiques en Birmanie ainsi qu'une démocratisation du système politique. Ces efforts n'ont, pour l'instant, abouti à aucun résultat tangible.

La figure de proue l'opposition, Aung San Suu Kyi, est incarcérée depuis depuis la mi-mai dans la prison d'Insein (nord de Rangoun), pour la violation supposée des règles de son assignation à résidence, en recevant un Américain.

Elle est passible de cinq ans de prison et risque de ce fait d'être écartée du paysage politique alors que des élections seront organisées l'année prochaine par le régime militaire.

Mme Suu Kyi, 64 ans, secrétaire générale de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) et prix Nobel de la Paix, a été privée de liberté pendant plus de 13 des 19 dernières années.

Son procès devait reprendre vendredi avec l'audition d'un témoin de la défense mais il a été ajourné jusqu'au 10 juillet, selon un porte-parole de la LND, le parti de Mme Suu Kyi.

«Daw Aung San Suu Kyi a comparu ce matin, mais le tribunal a affirmé que le dossier n'avait pas été transmis par la Cour suprême et que le procès était ajourné au 10 juillet», a-t-il dit.

Le président américain Barack Obama a dénoncé un «procès-spectacle» alors que les nouvelles accusations contre «la Dame» de Rangoun -- souvent comparée au Sud-Africain Nelson Mandela -- ont suscité une vive indignation à travers le monde.

«Pour la énième fois, l'ONU a poliment demandé la libération de Aung San Suu Kyi, mais une +libération» qui se traduirait en fait par un retour en assignation à résidence serait un échec patent», avait estimé jeudi dans un communiqué l'organisation de défense des droits de l'Homme, Human Rights Watch (HRW).

Ban Ki-moon fut le premier secrétaire général des Nations unies à se rendre en Birmanie depuis 1964, lorsqu'il avait effectué une visite historique, en mai 2008, dans le sillage du cyclone Nargis qui avait ravagé le delta de l'Irrawaddy et la région de Rangoun, faisant 138 000 morts ou disparus.