La situation alimentaire, en particulier pour les enfants, est critique en Corée du Nord où l'aide internationale en faveur du pays communiste s'est tarie depuis l'essai nucléaire nord-coréen de mai, a averti mercredi le Programme alimentaire mondial (PAM).

«Nous n'avons plus vraiment reçu de contributions après l'essai nucléaire», a déclaré à la presse à Pékin Torben Due, représentant du PAM en Corée du Nord.

Outre l'aide raréfiée, l'agence des Nations unies s'est vu ordonner par Pyongyang de réduire ses opérations, sans raison officielle particulière, a expliqué le responsable.

«Cela pose un problème grave à la population qui n'a pas assez à manger» et le PAM qui s'était fixé pour but, en lançant une opération d'urgence à la fin de l'an dernier, d'aider 6,2 millions de personnes a dû se contenter d'en assister 2,27 millions.

«Un adulte peut se permettre de vivre de céréales et de légumes pendant quelques mois mais la situation est critique pour les enfants. Nous en voyons un nombre croissant hospitalisés pour une malnutrition grave», a-t-il dit, en précisant ne pas avoir de données statistiques.

Les enfants souffrant de dénutrition deviennent de jeunes adultes affaiblis et déprimés sur le plan immunitaire.

Le PAM et la FAO avaient estimé l'an dernier que quelque neuf millions de Nord-coréens, sur une population totale de 23 millions, avaient besoin d'une aide alimentaire.

L'agence onusienne avait réduit au minimum ses opérations d'urgence en 2006 à la demande de Pyongyang, avant de reprendre son aide en juin 2008 après un accord avec les autorités nord-coréennes. Celle-ci prend essentiellement la forme de céréales pour la préparation de porridge.

Mais le 25 mai, la Corée du Nord menait son deuxième essai nucléaire depuis octobre 2006, déclenchant des sanctions de l'ONU contre Pyongyang, et l'aide s'est tarie.

Le PAM a dû réduire de manière considérable ses distributions d'aide alimentaire, qui sont passées à 400 tonnes par mois contre les 50 000 prévues.

Il mène aujourd'hui des opérations dans 57 districts de six provinces, au lieu de 131 districts dans huit provinces auparavant.

Se refusant à spéculer sur les raisons de la désaffection des donneurs d'aide, M. Due a ajouté simplement: «Nous demandons aux pays donateurs de soutenir nos opérations» en Corée du Nord.

Entravant davantage les activités du PAM, le gouvernement a interdit à l'agence le recours à du personnel parlant le coréen, et a allongé à sept jours au lieu de 24 heures le délai de notification préalable aux autorités avant toute enquête de terrain pour déterminer les besoins alimentaires.

Des centaines de milliers de Nord-coréens sont morts dans la grande famine des années 90 due aux calamités naturelles et à l'incurie économique du régime.

Depuis, la Corée du Nord a abondamment compté sur l'aide internationale pour nourrir sa population, mais les flux sont régulièrement interrompus.

En mai, le dirigeant Kim Jong-il avait souhaité, selon la presse nord-coréenne, que l'année 2009 marque un «virage radical» dans l'élimination des pénuries alimentaires.

Deux mois auparavant, il avait pourtant refusé une aide alimentaire des États-Unis en pleine période de tension autour de son programme nucléaire. En 2008, Pyongyang n'avait pas sollicité l'aide habituelle de son voisin sud-coréen, après l'accession au pouvoir de la nouvelle administration conservatrice.