Le Vietnam, objet de vives critiques après l'arrestation d'un avocat connu pour sa défense de confrères militants des droits de l'Homme, a demandé «compréhension» et «soutien» dans sa «lutte contre les complots», dans une déclaration remise à la presse étrangère jeudi.

Le ministère des Affaires étrangères a remis aux correspondants étrangers, jusqu'ici uniquement informés par la presse locale du sort de l'avocat Le Cong Dinh, trois pages justifiant son arrestation le 13 juin pour «propagande» contre le régime communiste.

«Le Vietnam souhaite demander compréhension et soutien dans sa lutte contre les complots et les actes d'organisations et d'individus menés à des fins de terrorisme, d'agitation, de renversement de l'État», écrit le ministère.

La déclaration, à laquelle étaient joints un autre texte présenté comme des aveux manuscrits de l'avocat et un clip de quelques minutes le montrant lisant ces aveux au ministère de la Sécurité publique, reprend les charges relayées depuis près de deux semaines par les médias locaux, contrôlés par le régime.

Il accuse Le Cong Dinh de «collusion» avec «des organisations et groupes vietnamiens exilés», dont «certains enregistrés comme terroristes par le gouvernement vietnamien», afin de «préparer des émeutes, provoquer une instabilité sociale et du désordre public dans le but ultime de renverser l'État du Vietnam».

«Le Cong Dinh a utilisé la démocratie et les droits de l'Homme pour masquer et mener à bien ses complots de subversion», poursuit la déclaration.

L'avocat, âgé de 40 ans, est notamment connu pour avoir défendu ses confrères militants des droits de l'Homme Le Thi Cong Nhan et Nguyen Van Dai en 2007, ainsi que le blogueur Dieu Cay, célèbre pour ses critiques contre la Chine, l'an dernier.

Les Affaires étrangères dénoncent son rôle dans des projets de formation de partis illégaux au Vietnam, pays où la Constitution garantit au Parti communiste la «direction» du pouvoir.

Elles dénoncent des voyages de l'avocat aux États-Unis et en Thaïlande, où il aurait été formé à des «activités de sabotage contre l'État» par une organisation appelée Viet Tan.

Ce groupe, reçu dans le passé à la Maison-Blanche mais interdit au Vietnam, est l'une des bêtes noires de Hanoï.

Elles reprennent aussi les accusations de la police selon lesquelles Le Cong Dinh aurait participé à l'élaboration d'une «Nouvelle Constitution», afin de «préparer le nouveau gouvernement après le renversement du gouvernement actuel».

Hanoï, qui assure respecter «la liberté d'expression», rappelle aussi «les spécificités du Vietnam», qui a subi «30 ans de guerre contre l'agression étrangère avant de regagner la paix, l'indépendance et la liberté nationale».

«Jusqu'à maintenant, les forces hostiles n'ont pas abandonné leur ambition politique et elles continuent à mettre en place de nouvelles organisations depuis l'étranger qui éduquent certains éléments à l'intérieur du pays et s'y associent, s'infiltrent au Vietnam pour renverser l'État».

Hanoï, confrontée à une pluie de critiques d'organisations de défense des droits de l'Homme, des médias, et de gouvernements occidentaux, avait ces derniers jours dénoncé «l'ingérence» des États-Unis et de l'Union européenne dans cette affaire, estimant que l'arrestation de Le Cong Dinh relevait des affaires intérieures du pays.