Un avocat vietnamien qui avait défendu deux de ses confrères militants des droits de l'Homme et un célèbre blogueur a été arrêté samedi pour opposition à l'État communiste et «collusion» avec des «leaders réactionnaires» étrangers, ont affirmé les médias locaux.

Selon notamment le quotidien en ligne VietnamNet, la police reproche à Me Le Cong Dinh des contacts avec des organisations ou partis politiques exilés et interdits au Vietnam, où règne un principe de parti unique.

Elle reproche aussi à l'avocat, 40 ans, d'avoir avec eux, pour alimenter «l'opposition au Parti et à l'État», exploité l'affaire des mines de bauxite avec investissements ou technologies chinoises dans le centre du Vietnam. Ce projet, nuisible selon ses détracteurs à l'environnement, aux populations locales et à la sécurité du pays, vaut une rare pluie de critiques au régime.

Devant les médias vietnamiens, contrôlés par le Parti communiste au pouvoir, le directeur général adjoint du département de la Sécurité au ministère de la Sécurité publique, Vu Hai Trieu, a affirmé avoir collecté «beaucoup de documents et preuves montrant les tentatives de renversement de l'État vietnamien».

La police accuse encore Le Cong Dinh d'avoir profité des procès des avocats militants des droits de l'Homme Nguyen Van Dai et Le Thi Cong Nhan, ainsi que celui du blogueur Dieu Cay, pour véhiculer une «propagande d'opposition au régime».

En 2007, le procès en appel des deux avocats avait pris une tournure inhabituellement politique. La défense avait notamment appelé Hanoï à respecter ses engagements internationaux en matière de droits de l'Homme.

Nguyen Van Dai et Le Thi Cong Nhan avaient vu leur peine réduite d'un an chacun, à respectivement 4 et 3 ans de prison assortis de 4 et 3 ans de résidence surveillée à leur sortie.

Le Cong Dinh, basé à Ho Chi Minh-Ville (ex-Saïgon, sud), avait défendu le blogueur Dieu Cay l'an dernier. Celui-ci avait été condamné à deux ans et demi de prison pour fraude fiscale mais l'organisation de défense des médias Reporters sans frontières, notamment, estimait qu'il payait en réalité des propos trop ouvertement anti-chinois.