Les États-Unis ont confirmé, hier, que la Corée du Nord se prépare à un autre test de missile à longue portée, comme celui du début avril.

Cette multiplication sans précédent des provocations, de la part de Pyongyang, répond à des négociations serrées à l'ONU sur de nouvelles sanctions.

 

Pour la première fois, la Chine semble disposée à resserrer l'étau économique sur son voisin. La réaction chinoise au test nucléaire de la semaine dernière a été immédiate, contrairement au premier test nucléaire, en 2006, et au test de missile d'avril.

Et les médias couvrant de près les travaux du Conseil de sécurité de l'ONU rapportent que les nouvelles sanctions nommeraient directement des dirigeants nord-coréens, rétabliraient les interdictions bancaires partiellement levées en 2008 et, surtout, comporteraient des inspections presque systématiques des navires nord-coréens à destination de pays susceptibles d'être impliqués dans le trafic d'armes de destruction massive.

La semaine dernière, des médias sud-coréens ont rapporté que des bateaux de pêche chinois ont massivement quitté les ports nord-coréens, ce qui a mené à des spéculations qu'ils pourraient être visés par les autorités nord-coréennes.

La Corée du Nord a par le passé attaqué des navires de pêche sud-coréens se trouvant près de la frontière maritime, dont l'emplacement n'a jamais été formellement arrêté par les deux pays.

La Chine craint d'autant plus l'opposition de la Corée du Nord qu'un exode de centaines de milliers de réfugiés économiques, en cas d'écroulement du régime de Kim Jong-il, est fort probable.

Les États-Unis tempèrent

Tout en pressant le Conseil de sécurité d'approuver des sanctions musclées, les États-Unis veulent calmer le jeu.

Le secrétaire à la Défense, Robert Gates, a déclaré qu'un test de missile à longue portée n'aurait pas lieu avant plusieurs semaines et que les satellites espions n'ont pas détecté de mouvements de troupes importants en Corée du Nord, malgré le ton incendiaire des médias officiels du «pays ermite». Les troupes américaines en Corée du Sud sont tout de même en état d'alerte.

Les deux provocations les plus spectaculaires dont Pyongyang est capable sont le lancement d'un missile à longue portée par-dessus le Japon et un essai nucléaire. La dernière fois qu'elles avaient été conjuguées, en 2006, l'administration Bush avait accepté de revenir à la table de négociations et un accord avait été annoncé en 2007.

Cet accord s'est écroulé au début de l'année, les deux parties s'accusant mutuellement de ne pas le respecter - certains observateurs notent que le libellé vague ouvrait la porte à des manipulations.

Provocation

Un nouveau test de missile à longue portée serait ainsi inusité, note Peter Hayes, le directeur du forum Nautilus sur la sécurité dans le Pacifique, qui est généralement sympathique aux revendications nord-coréennes.

M. Hayes prévoit qu'un nouveau test nucléaire, probablement de faible puissance, est probable parce que la Corée du Nord veut absolument de nouvelles négociations avec l'administration Obama.

Les tests ont été jusqu'à maintenant mitigés. Les deux tests de missiles à longue portée, théoriquement capables de mettre un satellite en orbite ou de bombarder l'Alaska et le nord-ouest du Canada, n'ont pas fonctionné parce que le troisième étage de la fusée a fait long feu.

Le premier test nucléaire, en 2006, n'avait qu'une kilotonne de puissance, contre les 15 d'Hiroshima. Ce test a aussi montré que les installations souterraines de tests nord-coréennes sont déficientes, parce qu'elles n'ont pas réussi à contenir les retombées radioactives de l'explosion. Le test nucléaire de la semaine dernière semble plus puissant, mais les analyses officielles ne sont pas terminées.