Washington compte sur le soutien de la Russie au sein du Conseil de sécurité de l'ONU pour élaborer une résolution prévoyant des «sanctions possibles» contre Pyongyang après l'essai nucléaire nord-coréen de lundi, a indiqué jeudi le département d'État.

«Nous travaillons à l'ONU avec nos collègues du Conseil de sécurité sur la forme que doivent prendre les mesures (...) Nous étudions tout un éventail de réponses possibles, dont des sanctions possibles», a déclaré le porte-parole du département d'État Ian Kelly.

Un diplomate occidental à l'ONU avait indiqué mercredi que les pays-clés du Conseil de sécurité étaient d'accord pour alourdir les sanctions contre la Corée du Nord pour ses récentes activités nucléaires et balistiques.

Mais à Moscou, le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Andreï Nesterenko, a déclaré que la Russie était opposée au «langage des sanctions» concernant le dossier nucléaire nord-coréen.

«Nous n'avons pas besoin de recourir au langage des sanctions, il nous faut faire preuve de retenue et de patience», a-t-il déclaré jeudi au cours de son point de presse hebdomadaire.

Interrogé à ce sujet, M. Kelly a indiqué que Washington avait demandé des éclaircissements à Moscou.

«À notre connaissance, nos collègues russes au Conseil de sécurité comprennent la nécessité d'envoyer un message fort à la Corée du Nord pour lui faire comprendre que ses actes sont inacceptables, et qu'elle doit en subir les conséquences», a déclaré le porte-parole.

Sous le couvert de l'anonymat, un responsable du département d'État a reconnu avoir été surpris par les propos «étonnants» du porte-parole de la diplomatie russe, laissant entendre qu'en privé, Moscou se dit prêt à approuver un renforcement des sanctions contre Pyongyang.

Et à Tokyo, le ministère japonais des Affaires étrangères a fait savoir que le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avait assuré que son pays était prêt à envisager des sanctions au cours d'une conversation téléphonique avec son homologue japonais Hirofumi Nakasone.

«La Russie, pour sa part, est prête à discuter de sanctions spécifiques dans le cadre d'une nouvelle résolution du Conseil de sécurité», selon un communiqué du ministère japonais.

Les représentants à l'ONU des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (États-Unis, Russie, Chine, Grande-Bretagne et France), de Corée du Sud et du Japon devaient se réunir de nouveau jeudi après-midi pour discuter du texte d'une résolution condamnant l'essai nucléaire nord-coréen, a indiqué M. Kelly.

Il a prévenu qu'il y avait peu de chances qu'ils parviennent à un accord avant la fin de la semaine, même si la Maison-Blanche a qualifié jeudi de «très utiles» les efforts de la Chine, principal allié de Pyongyang, au sein du Conseil de sécurité.

La Corée du Nord fait déjà l'objet de sanctions du Conseil depuis un premier essai nucléaire effectué en octobre 2006.

Elle a procédé à un second essai lundi, suivi de plusieurs tirs de missile de courte portée. Le second essai a été condamné le jour même par le Conseil de sécurité comme constituant une violation de ses résolutions. Le Conseil a également décidé de mettre aussitôt en chantier une nouvelle résolution.

Selon un diplomate occidental à l'ONU les discussions, qui portent sur un large éventail de mesures additionnelles, en étaient encore «au stade initial» et on ne peut s'attendre à quoi que ce soit de concret avant «le début de la semaine prochaine».