La Haut commissaire de l'ONU pour les droits de l'Homme, Navi Pillay, a demandé mardi une enquête «internationale, indépendante et crédible» sur les allégations de violations au Sri Lanka.

«Il y a de fortes raisons de penser que les deux parties (au conflit, ndlr) ont grossièrement bafoué le principe fondamental de l'inviolabilité des civils», a affirmé Mme Pillay devant le Conseil des droits de l'homme de l'ONU en ouverture d'une session extraordinaire sur le Sri Lanka.

«Une enquête internationale, indépendante et crédible (...) devrait être envoyée et vérifier les circonstances, la nature et l'ampleur des violations du droit international et du droit international humanitaire», a-t-elle ajouté.

Selon Mme Pillay, la rébellion des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE) a mené une «campagne de violence (qui) a terrorisé la population de toutes les communautés ethniques du Sri Lanka et brutalement éliminé les Tamouls modérés qui ont osé faire acte de dissidence» au cours du conflit.

De leur côté, les forces gouvernementales du Sri Lanka sont mises en cause pour leurs attaques indiscriminées contre des civils, en particulier «l'utilisation d'artillerie contre des régions densément peuplées».

Les allégations selon lesquelles les troupes de Colombo ont délibérément tué des membres des LTTE essayant de se rendre ou «hors de combat» constitueraient «de graves violations du droits de la guerre si elles étaient confirmées», a averti Mme Pillay.

En réaction à la décision des autorités de Colombo d'accorder une amnistie à certains membres des LTTE, Mme Pillay a par ailleurs estimé que «les amnisties qui empêcheraient que les responsables de crimes de guerre, de génocide, de crimes contre l'humanité ou de grossières violations des droits de l'Homme répondent de leurs responsabilité sont inadmissibles».

Le Conseil des droits de l'Homme a ouvert mardi après-midi à Genève sa session extraordinaire sur le Sri Lanka, dont le résultat est «incertain», selon un diplomate occidental, en raison des profondes divisions qui minent l'instance onusienne.