La Corée du Nord a annoncé lundi avoir effectué «avec succès» un nouvel essai nucléaire souterrain, provoquant une vague de protestations à travers le monde et la condamnation du Conseil de sécurité de l'ONU qui devrait décider de nouvelles sanctions à l'égard de Pyongyang.

«Les membres du Conseil ont exprimé leur ferme opposition et leur condamnation de l'essai nucléaire effectué le 25 mai 2009 par la Corée du Nord, qui constitue une claire violation de la résolution 1718 du Conseil», a déclaré à la presse l'ambassadeur de Russie, Vitaly Tchourkine, au nom du Conseil à l'issue d'une réunion d'urgence à New York.

Ils ont décidé «de commencer immédiatement à travailler sur une résolution du Conseil sur ce sujet» a ajouté M. Tchourkine tandis que de son côté l'ambassadrice américaine à l'ONU, Susan Rice indiquait que les Etats-Unis veulent une résolution «forte» à l'égard de la Corée du Nord.

«La République démocratique populaire de Corée (RDPC) a procédé avec succès à un nouvel essai nucléaire souterrain le 25 mai dans le cadre de ses mesures destinées à renforcer ses capacités de dissuasion nucléaire (...)», avait annoncé l'agence de presse officielle du régime KCNA.

Pyongyang agitait la menace de représailles - et notamment celle d'un nouvel essai nucléaire - depuis sa condamnation le mois dernier à l'ONU à la suite d'un tir de fusée à longue portée au-dessus du Japon, début avril.

Le président américain Barack Obama a «fermement» condamné «une menace pour la paix et la sécurité mondiales» en appelant à «une action de la communauté internationale».

La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a souhaité un front «ferme et uni» face à la menace nucléaire nord-coréenne.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, «profondément inquiet», a annoncé la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité à New York.

La réunion du Conseil de sécurité a été précédée d'une réunion dite «P5 + 2», entre les cinq membres permanents du Conseil dotés du droit de veto (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie), le Japon et la Corée du Sud. Le Japon est actuellement membre du Conseil mais pas la Corée du Sud.

La Chine, proche alliée de Pyongyang, a condamné très fermement l'essai, appelant le régime communiste à «cesser toute action susceptible d'envenimer la situation».

L'Union européenne s'est quant à elle déclarée «très troublée» et le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a «condamné fermement» l'essai.

Selon des responsables sud-coréens, une secousse a été décelée dans la ville nord-coréenne de Kilju (nord), où Pyongyang avait déjà procédé à son premier essai en 2006.

L'Institut américain d'études géologiques (USGS) a détecté un «épisode sismique» de magnitude 4,7 à 09h54 locales, à 375 kilomètres au nord-est de Pyongyang et à une profondeur de seulement 10 km.

Selon l'agence météorologique japonaise, au regard de l'activité sismique, l'essai était «quatre fois» plus puissant qu'en 2006.

De nombreux doutes avaient entouré ce premier essai nord-coréen. L'explosion atomique n'avait été confirmée que tardivement et son «succès» revendiqué largement contesté.

Pyongyang a également procédé lundi à trois nouveaux tirs de missiles de courte portée, a confirmé l'armée sud-coréenne.

Ce nouveau test, s'il est avéré, sonne comme un défi à la communauté internationale qui tente depuis six ans de convaincre la Corée du Nord de renoncer à ses ambitions atomiques.

Entamées en 2003, ces négociations sont suspendues au bon vouloir de Pyongyang, sourd aux semonces internationales et qui avait fait fi des résolutions de l'ONU adoptées en 2006.

Le Conseil de sécurité de l'ONU avait condamné le 13 avril un tir de fusée balistique effectué le 5 du même mois par la Corée du Nord et a renforcé le régime de sanctions mis en place à son encontre en 2006.

En réponse à cette condamnation, Pyongyang avait annoncé son retrait des négociations à Six (Russie, Corée du Nord et Corée du Sud, Etats-Unis, Japon et Chine), l'arrêt de sa coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et la réactivation de ses installations nucléaires.