Le chef des rebelles tamouls du Sri Lanka est pris au piège sur une minuscule bande côtière dans le nord-est de l'île, a déclaré mardi le Premier ministre sri lankais en excluant de nouveau toute trêve dans les combats.

«Velupillaï Prabhakaran est toujours sur les quatre km2 (de territoire) dans le département de Mullaittivu», a annoncé au Parlement Ratnasiri Wickremanayake.

Il y a dix jours, l'armée avait assuré qu'un dernier carré de combattants des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), sous le commandement de M. Prabhakaran, étaient acculés sur la petite zone de guerre avec 20.000 à 50.000 civils leur servant de «boucliers humains».

Invisible depuis 18 mois, Tigre numéro un, comme on le surnomme, est depuis 37 ans à la tête d'une guérilla sanglante et jusqu'au-boutiste. Comme leur chef, les Tigres, préférant mourir plutôt que de déposer les armes, portent une pastille de cyanure.

Mais selon des rumeurs alimentées par des témoignages de civils tamouls qui ont réchappé du conflit, le chef des insurgés se serait enfui: soit en Asie du Sud-Est, soit en Inde ou encore sur un bateau au large du Sri Lanka d'où il commanderait ses derniers affidés.

La marine patrouille le long des quatre km de plage aux mains de la rébellion, convaincue que l'océan Indien est la dernière porte de sortie pour M. Prabhakaran.

Sur terre, l'armée poursuit ses opérations «avec la plus grande retenue» en prenant en étau la mince langue entre la mer et un lagon. «Les troupes avancent vers le nord (...) Les terroristes ont terriblement souffert et sont en déroute», a affirmé le ministère de la Défense, qui a admis la forte résistance des Tigres.

Aucune information n'est vérifiable dans le nord-est coupé du monde.

Officiellement, les militaires ont l'ordre depuis la semaine dernière de ne plus faire usage d'armes lourdes contre cette poche rebelle.

Mais les forces armées s'étaient dites prêtes vendredi à donner le coup de grâce au LTTE, en dépit d'incessants appels de la communauté internationale à une «trêve humanitaire».

«En aucune circonstance, le gouvernement ne proclamera un cessez-le-feu, même si la pression internationale monte pour suspendre l'offensive et sauver Prabhakaran», a martelé le Premier ministre.

Aucun des dignitaires occidentaux venus depuis dix jours à Colombo n'a obtenu une pause dans les combats, ni même un accès humanitaire au théâtre des opérations militaires.

Convaincu d'avoir gagné la guerre et sourcilleux sur sa souveraineté, Colombo est persuadé qu'un cessez-le-feu permettrait au LTTE de se réarmer et de se renforcer.

L'ONU estime que près de 200.000 personnes ont fui la guerre depuis janvier, dont plus de la moitié depuis le 20 avril, lorsqu'a commencé un exode massif de civils tamouls depuis la zone du conflit. Cette année, plus de 6.500 civils ont probablement déjà été tués et 14.000 blessés, estiment aussi les Nations unies.

Un civil de plus a péri et plusieurs autres ont été blessés par l'explosion d'une mine dans le sud, une attaque que les forces armées attribuent aux Tigres.