Des talibans armés patrouillaient lundi dans les rues des villes de la vallée de Swat, dans le nord-ouest du Pakistan, défiant le couvre-feu de l'armée qui a lancé il y a une semaine une offensive pour leur reprendre des districts voisins, ont indiqué des habitants.

Après avoir fait régner près de deux ans la terreur dans cette vallée autrefois le site le plus touristique du Pakistan, les talibans avaient négocié avec le gouvernement, mi-février, un cessez-le-feu en échange de l'instauration de tribunaux islamiques à Swat et dans six districts voisins.

Mais ces combattants islamistes liés à Al-Qaïda ont, depuis, refusé de déposer les armes et profité de ce cessez-le-feu pour progresser au-delà de Swat, jusqu'à une centaine de km d'Islamabad.

Il y a une semaine, l'armée s'est donc lancée à la reconquête de deux de ces districts, Lower Dir et Buner, assurant au total avoir tué plus de 150 talibans en une semaine.

Dimanche, les autorités ont imposé, pour la première fois depuis l'accord de février, un cessez-le-feu dans les principales villes du district de Swat, dont Mingora, le chef-lieu.

Depuis, des habitants, joints au téléphone par l'AFP, assurent que les talibans patrouillent en ville. «C'est la première fois que les talibans ont repris leurs patrouilles armées dans Mingora» depuis le cessez-le-feu, témoigne ainsi l'un d'eux, qui a requis l'anonymat. «La peur règne de nouveau en ville», a-t-il ajouté.

Un autre a confirmé que les combattants islamistes ont repris possession de bâtiments qu'ils avaient abandonnés après l'accord.

L'armée et la police ont refusé de commenter ces informations.

Samedi, le gouvernement provincial, qui avait déjà mis en place en avril les tribunaux islamiques conformément à l'accord de Swat, avait annoncé l'installation d'une cour islamique d'appel pour les sept district de la région de Malakand, qui comprend notamment Swat, Buner et Lower Dir, à la demande des combattants islamistes encore.

Mais le porte-parole des talibans a rejeté cette institution, estimant qu'elle s'est faite sans qu'ils soient consultés sur sa composition et alors que l'armée a repris les combats.

Washington, qui avait qualifié l'accord de Swat d'«abdication» face aux talibans, avait multiplié les pression depuis sur Islamabad, son allié-clé dans sa «guerre contre le terrorisme», pour enrayer leur progression. Les Etats-Unis ont chaudement salué l'offensive de l'armée.