L'armée sri-lankaise a nié samedi avoir bombardé une zone de sécurité aménagée pour les civils par le gouvernement, malgré des images satellitaires émanant de l'ONU et montrant des cratères à cet endroit.

Le ministère de la Défense à Colombo a jugé «sans valeur scientifique», faute de vérification sur le terrain, les images de l'Unosat, un programme de l'ONU fournissant de l'imagerie satellitaire utilisée notamment dans l'assistance humanitaire ou la prévention des catastrophes. Les images, publiées sur le site de l'Unosat, montrent des cratères à l'intérieur de la zone réservée aux civils sur la période allant du 15 février au 19 avril, veille d'un exode de populations civiles dans la dernière zone alors encore aux mains de la guérilla séparatiste dans le nord-est de l'île.

«Les images sont assez claires et datées, on peut donc les étudier et faire des comparaisons», a déclaré à la chaîne qatarie Al-Jazira Einer Bjorge, chef de l'unité de cartographie à l'Unosat. Selon lui, la disposition des cratères suggère le recours à des moyens aériens.

Le site Internet pro-rebelle Tamilnet.com a affirmé qu'au moins 64 civils avaient été tués samedi et 87 autres blessés dans une attaque contre une structure médicale dans la mince bande de terre encore tenue par les rebelles.

Ce bilan est invérifiable de source indépendante.

«Nous n'avons procédé à aucun bombardement mais nous avons entendu de fortes explosions dans la zone de sécurité et il pourrait s'agir d'une erreur de tir des Tigres», a déclaré le porte-parole de l'armée, Udaya Nanayakkara.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui a un accès limité à la zone, n'a pas immédiatement commenté le bilan avancé par Tamilnet.

Les forces armées du Sri Lanka ont affirmé vendredi être prêtes à donner le coup de grâce aux rebelles des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE).

L'ONU pense que 50 000 habitants tamouls sont retenus par les Tigres. Colombo les value à 15 000 ou 20 000 et accuse la guérilla de s'en servir comme «boucliers humains».

Cette guerre --l'une des plus longues en Asie-- a fait des dizaines de milliers de morts depuis 1972, dont 2 800 civils depuis le 20 janvier, selon l'ONU.

Depuis que le Sri Lanka a lancé en janvier son offensive «finale» contre les séparatistes tamouls, la communauté internationale s'émeut du sort des civils tamouls dans le nord-est coupé du monde.

Jusqu'à leur débâcle militaire, les LTTE luttaient pour fonder un État indépendant dans le nord et l'est de cette île plutôt prospère de 20 millions d'habitants --dont 74% de Cinghalais et 12,5% de Tamouls-- mais saignée par cette guerre séparatiste qui a fait plus de 70 000 morts en 37 ans.