Le Sri Lanka a prévenu jeudi qu'il allait très bientôt en finir avec les rebelles tamouls acculés dans le nord-est de l'île et a fustigé l'Occident qui réclame une trêve humanitaire.

«Nous n'avons aucun projet de cessez-le-feu avec les Tigres et il leur reste juste un peu de temps pour déposer leurs armes», a averti le président Mahinda Rajapakse, en direct à la télévision.

Elu en novembre 2005, le chef de l'Etat est l'architecte -- avec son influent frère cadet Gotabhaya Rajapakse, secrétaire à la Défense -- d'une guerre à outrance et populaire contre les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE).

Sûr d'être à deux doigts d'écraser la guérilla séparatiste et extrêmement sourcilleux sur sa souveraineté, le régime nationaliste sri-lankais reste sourd aux critiques de la communauté internationale sur la manière dont il conduit son offensive finale.

L'ONU, les Etats-Unis, l'Union européenne ou le G8 ont eu beau ces dix derniers jours exhorté Colombo à proclamer une «pause humanitaire», le Sri Lanka veut donner le coup de grâce au LTTE et à son chef Velupillaï Prabhakaran, peut-être terré dans la poche rebelle.

«Après 30 ans (de guerre), le temps est venu pour Prabhakaran et d'autres chefs terroristes d'être capturés morts ou vifs et le gouvernement ne s'arrêtera pas avant que cela ne soit fait», a averti Gotabhaya Rajapakse.

D'ailleurs, les Tigres ont prévenu, via le site internet Tamilnet.com, que «l'armée s'apprêtait à commettre le pire des massacres sur (leur) mince bande côtière», à la faveur d'un ultime coup de boutoir.

Trois cents civils auraient déjà été tués mercredi dans cette enclave coupée du monde. Le ministère de la Défense a rétorqué que 29 Tigres avaient été éliminés et que davantage de territoire avait été grignoté.

En visite mercredi, les ministres français et britannique des Affaires étrangères, Bernard Kouchner et David Miliband, n'avaient pas obtenu de trêve humanitaire, ni même d'accès aux 50.000 civils pris au piège sur une étroite langue de terre de six km2 entre l'océan Indien et un lagon.

«Le président (leur) a dit clairement et poliment: "pas besoin d'un cessez-le-feu"», a révélé à l'AFP un porte-parole gouvernemental.

Rentrés chez eux les mains vides, les deux ministres ont publié une tribune dans le Times de Londres dans laquelle ils s'engagent à maintenir la pression sur l'ex-colonie britannique.

«En tant que membres (permanents) du Conseil de sécurité de l'ONU, nous ne nous détournons pas de notre responsabilité de protéger les civils», ont écrit les deux hommes. «Hillary Clinton, la secrétaire d'Etat américaine, nous a rejoints en qualifiant de "vraiment choquant" l'échec du Sri Lanka à protéger les civils», ont-ils poursuivi.

Le président Rajapakse a alors brocardé ceux qui «cherchent à nous faire la leçon sur le (sauvetage) de civils et (auxquels) je réponds d'aller voir ce qu'ils font en Irak et en Afghanistan».

«Le monde entier nous observe avec ses satellites pour voir ce que nous faisons. (Mais) les forces armées sont particulièrement soucieuses du sort des civils et poursuivront leurs opérations pour libérer ces otages aux mains des terroristes», a assuré le chef de l'Etat.

En réponse à l'Occident, cette île au sud de l'Inde aime aussi rappeler que ses «principaux donateurs» ou prêteurs «sont en Asie, pas en Europe» grâce au Japon et à la Chine.

L'ONU estime que 200.000 personnes ont fui la guerre depuis janvier, dont plus de la moitié depuis le 20 avril, lorsqu'a commencé un exode massif de Tamouls. Mais cette année, plus de 6.500 civils ont probablement déjà été tués et 14.000 blessés.