La Corée du Nord n'a pas l'intention dans l'immédiat de retourner aux discussions à six sur sa dénucléarisation, a estimé vendredi le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, pour qui les sanctions contre Pyongyang ne sont pas constructives.

«La Corée du Nord n'a pas l'intention pour le moment de revenir aux discussions à six», a déclaré M. Lavrov lors d'une conférence de presse à Séoul à l'issue d'une visite de deux jours à Pyongyang, destinée à essayer de convaincre le Nord de modifier sa position.

Les nations concernées doivent tenter de persuader Pyongyang de revenir à la table des négociations, a ajouté M. Lavrov. La Russie est l'un des membres de ce groupe de négociations, avec les deux Corées, les Etats-Unis, le Japon et la Chine.

M. Lavrov, qui est le premier haut-responsable étranger à se rendre en Corée du Nord après l'annonce par Pyongyang qu'il quittait les négociations à six, a qualifié les sanctions à l'égard de la Corée du Nord de «non constructives».

La Corée du Nord a annoncé son retrait des négociations à six, l'arrêt de sa coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et la réactivation de ses installations nucléaires après sa condamnation au Conseil de sécurité de l'ONU pour le lancement d'une fusée le 5 avril.

L'annonce du retrait de Pyongyang des discussions à six a provoqué un vif émoi parmi ses partenaires de négociation, qui tentent depuis 2003 de faire renoncer la Corée du nord à ses ambitions atomiques en échange d'une importante aide énergétique.

M. Lavrov a indiqué qu'il avait appelé la Corée du Nord, lors de rencontres avec le numéro 2 du régime, Kim Yong-nam, et le ministre des Affaires étrangères, Pak Ui-chun, à revenir au sein du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), dont elle est sortie en janvier 2003.

Le ministre russe a précisé qu'il n'avait pas rencontré le leader nord-coréen, Kim Jong-il.

Lundi, Mohamed ElBaradei, chef de l'AIEA, avait prôné le dialogue comme seule solution pour résoudre à la fois les dossiers du nucléaire iranien et nord-coréen, estimant que deux décennies de pressions sur Pyongyang n'avaient mené à rien.

La Corée communiste est entrée le 9 octobre 2006 dans le cercle restreint des puissances atomiques militaires en procédant à un test nucléaire, bafouant un engagement passé en septembre 2005 avec ses partenaires de négociation par lequel elle acceptait d'abandonner ses visées nucléaires.

Le lancement en avril de la fusée nord-coréenne a été condamné par les Etats-Unis et leurs alliés asiatiques et occidentaux, qui affirment qu'il s'agissait en fait d'un tir de missile dans le cadre du projet nucléaire militaire de Pyongyang..