Cent dix millions d'Indiens ont voté jeudi au cours de la deuxième et plus importante étape d'élections qui se prolongeront pendant un mois et qui ont été épargnées par la violence maoïste qui a troublé l'étape précédente.

Une semaine après la clôture de la première étape, les bureaux de vote ont ouvert dans douze États.

Près de 200 millions d'Indiens sont appelés aux urnes dans une partie de l'État du Maharashtra (ouest) --dont Bombay est la capitale--, dans l'État septentrional de l'Uttar Pradesh --le plus peuplé de l'Inde avec 182 millions d'âmes-- et au Bihar, un État déshérité du nord-est.

Au total, le «plus grand exercice démocratique au monde» commencé le 16 avril doit voir, jusqu'au 13 mai, 714 millions d'Indiens désigner 543 députés de l'Assemblée du peuple représentant 35 États et territoires de l'Union indienne.

La dernière des cinq phases des élections aura lieu le 13 mai et les résultats seront annoncés trois jours plus tard.

Cette deuxième étape devrait être monopolisée par la réélection du fils de Sonia Gandhi, Rahul Ghandi, 38 ans, et par des craintes de violences maoïstes.

Mercredi, des maoïstes avaient pris en otage durant quelques heures 300 passagers d'un train dans l'État reculé du Jharkhand, un bastion de cette rébellion, et dont des circonscriptions sont en jeu jeudi.

Les rebelles, qui affirment lutter pour les droits des populations tribales oubliées ainsi que pour les paysans sans terre, ont été considérés par le premier ministre Manmohan Singh comme constituant la menace la plus grave pour la stabilité nationale.

Lors de la première phase des législatives le 16 avril, ces guérilleros d'extrême-gauche avaient tué 19 personnes dans ce même État, au Chhattisgarh voisin et au Bihar.

Dans ce mastodonte de 1,17 milliard d'habitants --maelström d'ethnies, cultures et castes, aux 18 langues officielles et au paysage politique complètement éclaté--, tous les analystes prédisent un fragile gouvernement de coalition.

En effet, ni le Parti du Congrès du premier ministre Manmohan Singh, 76 ans, ni l'opposition de la droite nationaliste hindoue du Parti du peuple indien (BJP) de Lal Krishna Advani, 81 ans, n'auront assez de sièges pour gouverner seuls.

Ils devront donc s'allier, après les résultats du 16 mai, avec de puissantes formations régionales, comme celle de la chef du gouvernement de l'Uttar Pradesh, l'hindoue «intouchable» Mayawati Kumari.

C'est dans cet État que Rahul Gandhi --fils de l'influente Sonia Gandhi et de Rajiv, l'ex-premier ministre assassiné en 1991-- se représente dans la circonscription d'Amethi, fief de la dynastie Nehru-Gandhi, à 80 km de la capitale régionale Lucknow.