Le gouvernement japonais a aggravé vendredi ses sanctions contre la Corée du Nord pour la punir d'avoir «lancé un missile» dimanche au-dessus de l'archipel, un tir que Tokyo espère voir condamné au Conseil de sécurité de l'ONU en dépit des réticences chinoises et russes.

Les transferts de fonds du Japon vers la Corée du Nord de plus de 10 millions de yens (74 000 euros) seront désormais soumis à l'accord des autorités, une procédure jusqu'à présent nécessaire à partir de 30 millions de yens (220 000 euros).

Une autorisation préalable sera en outre exigée pour les voyageurs voulant emporter plus de 300 000 yens en Corée du Nord, contre un million de yens jusqu'à présent.

«La mesure vise à améliorer notre contrôle des transferts de fonds», a déclaré le porte-parole du gouvernement, Takeo Kawamura.

Le Japon abrite une importante communauté nord-coréenne, des immigrés de longue date qui envoient ou apportent de l'argent à leurs proches restés au pays.

Instaurées après un essai nucléaire nord-coréen en 2006, les sanctions déjà en place, qui arrivaient à échéance lundi, ont en outre été renouvelées pour un an.

Parmi ces mesures, Tokyo interdit toute importation nord-coréenne, l'exportation de produits de luxe vers son voisin, l'accès de ses ports aux navires de Corée du Nord et, sauf cas particulier, l'accès de son territoire à ses ressortissants.

Le Japon applique aussi les sanctions de l'ONU, qui proscrit tout envoi d'équipement militaire vers la Corée du Nord.

Le régime communiste a tiré dimanche une fusée dont plusieurs étages ont survolé l'archipel japonais avant de s'abîmer dans l'océan Pacifique.

Pyongyang affirme que ce lancement était «pacifique» et lui a permis de placer en orbite un satellite de télécommunications.

Mais Tokyo y voit un «lancement de missile» à longue portée, a souligné M. Kawamura, un avis partagé par Washington et Séoul.

Selon le Premier ministre japonais Taro Aso, la Corée du Nord «a clairement défié les résolutions (du Conseil de sécurité) de l'ONU 1695 et 1718» interdisant notamment au régime communiste de tirer des missiles.

Le Japon, les Etats-Unis et les Européens veulent que l'ONU condamne ce tir, mais la Chine et la Russie, qui ont le droit de veto au Conseil de sécurité, sont très réticentes.

«Je prévois de parler avec le Premier ministre (chinois) Wen Jiabao en Thaïlande, et je pense que nous devons fermement expliquer la position du Japon à Wen Jiabao», a prévenu M. Aso peu avant de quitter l'archipel pour un sommet asiatique.

Le Japon essayait aussi d'obtenir de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) qu'elle adopte lors du sommet un communiqué évoquant «avec force» le problème nord-coréen, selon une source diplomatique.

Les nouvelles sanctions contre Pyongyang sont moins sévères que certaines mesures qui avaient été envisagées par le Parti libéral démocrate, au pouvoir au Japon.

Certains de ses responsables avaient proposé de proscrire toute exportation du Japon vers son voisin ou d'interdire complètement le territoire nippon aux ressortissants nord-coréens.

Outre ses programmes nucléaires et balistiques, le Japon reproche au régime communiste l'absence d'avancées sur le dossier des 17 Japonais enlevés, selon Tokyo, par Pyongyang dans les années 70 et 80 pour former des espions à la langue japonaise. Seuls cinq ont pu rentrer dans leur pays en 2002.