Un missile américain a tué trois personnes mercredi dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan où les avions sans pilote de l'armée américaine ou de la CIA visent fréquemment Al-Qaeda, ont annoncé des responsables de la sécurité pakistanaise.

«Un missile tiré par un drone a tué trois personnes», a assuré à l'AFP un haut responsable des forces de sécurité, sous couvert de l'anonymat. Il a précisé que l'engin avait explosé à Gangi Khel, près de Wana, le chef-lieu du district tribal du Waziristan du Sud, fief de Baïtullah Mehsud, le chef des talibans pakistanais alliés au réseau d'Oussama ben Laden.

Seules les unités de l'armée américaine basées dans l'Afghanistan voisin ou la CIA disposent de drones dans la région.

«Il s'agissait d'un appareil américain», a confirmé à l'AFP un autre haut responsable des forces armées pakistanaises.

«Des drones ont d'abord survolé les montagnes surplombant Gangi Khel, où les talibans sont présents», a expliqué un des responsables de la sécurité. «Il y a eu des tirs visant un des drones, qui a quitté la zone», a-t-il poursuivi. «Ils sont revenus plus tard et ont visé un véhicule stationné près de quelques boutiques», a conclu cette source, précisant que quatre personnes avaient été également blessées, «des habitants ou des commerçants», selon lui.

Ce nouveau tir intervient au lendemain d'une visite au Pakistan de l'envoyé spécial du président Barack Obama, Richard Holbrooke, et du chef de l'état-major américain, l'amiral Mike Mullen, au cours de laquelle le gouvernement pakistanais a, une nouvelle fois, signifié son opposition à ces frappes mais sans annoncer de mesures de rétorsions contre Washington.

Depuis août 2008, près de 40 missiles ou salves de missiles tirés par des drones américains ont tué plus de 360 personnes dans le nord-ouest, essentiellement des combattants islamistes selon le Pakistan, qui déplore toutefois que ces frappes n'épargnent pas, parfois, les civils.

Islamabad s'est allié fin 2001 aux États-Unis dans leur «guerre contre le terrorisme» et Washington est le principal bailleur de fonds du Pakistan.

«Il y a une divergence de vues» sur ces attaques, avait expliqué à la presse mardi le ministre des Affaires étrangères Shah Mehmood Qureshi, qui venait de s'entretenir avec MM. Holbrooke et Mullen.

«Mon point de vue, c'est que ces frappes jouent en faveur des extrémistes et nous sommes en désaccord sur ce point», a-t-il plaidé.

L'antiaméricanisme a fortement progressé ces dernières années dans la République islamique du Pakistan, seule puissance nucléaire militaire du monde musulman, une large partie de la population accusant les États-Unis d'avoir «exporté» dans son pays la guerre contre les talibans afghans et Al-Qaeda.

Les civils, tout comme ses forces de sécurité qui combattent talibans et Al-Qaeda dans le nord-ouest, ont payé un lourd tribut au ralliement d'Islamabad à la «guerre contre le terrorisme»: plus de 1 700 personnes ont été tuées dans une vague sans précédent d'attentats --suicide pour la plupart-- en un an et demi, depuis que ben Laden en personne, au diapason des talibans pakistanais, a déclaré à l'été 2007 le «jihad», la guerre sainte, à Islamabad.

Les talibans de Baïtullah Mehsud ont revendiqué récemment des attentats suicide pour «venger» les personnes tuées par les missiles américains.