Des échanges de tirs nourris, qui ont fait au moins deux morts et dix blessés, ont opposé une nouvelle fois vendredi des soldats cambodgiens et thaïlandais dans une zone disputée près du temple frontalier de Preah Vihear, ont indiqué des responsables des deux pays.

Un bref affrontement s'est produit tôt dans la matinée, sans faire de victimes, mais a été suivi quelques heures plus tard de violents échanges de tirs d'armes automatiques, de lance-roquettes et de mortier qui ont brusquement ravivé les tensions entre Phnom Penh et Bangkok autour des ruines de Preah Vihear.

Ces incidents se sont produits dans le même secteur où des heurts avaient déjà fait quatre morts le 15 octobre dernier. Le Cambodge avait également dénoncé une brève incursion thaïlandaise le 25 mars.

Les tensions autour de Preah Vihear ont éclaté en juillet 2008 lorsque ce temple du XIe siècle, situé sur un promontoire, a été inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco, alors que de sérieux litiges frontaliers, héritage de l'époque coloniale, opposaient Bangkok à Phnom Penh.

Le temple relève de la souveraineté du Cambodge, selon une décision de la Cour internationale de justice de La Haye en 1962. Mais les Thaïlandais contrôlent les principaux accès aux ruines et de nombreux secteurs n'ont pas été délimités, notamment une zone de 4,6 km2 en contrebas de l'édifice. Des négociations ces derniers mois n'ont permis jusqu'ici aucune avancée notable.

Il y a eu des «tirs nourris» vendredi dans «au moins deux secteurs», a déclaré le porte-parole du gouvernement cambodgien, Khieu Kanharith, en annonçant initialement que «deux de nos soldats avaient été tués» avant de se rétracter en affirmant que ce bilan était «officieux» et que l'information n'avait pas été confirmée.

Côté thaïlandais, un soldat a été tué et un autre a succombé plus tard à ses blessures, tandis que dix autres militaires ont été hospitalisés, a déclaré le lieutenant-colonel Wichit Makarun, porte-parole régional de l'armée.

Un soldat cambodgien, Yeim Kheang, posté à la frontière, a déclaré au téléphone à l'AFP qu'un petit marché à l'entrée de Preah Vihear avait été sérieusement endommagé par des flammes.

Plus tôt, le ministère thaïlandais des Affaires étrangères avait accusé le Cambodge d'être responsable du premier incident. «Nous avons dû riposter parce que les Cambodgiens ont ouvert le feu les premiers sur des soldats thaïlandais», a déclaré le porte-parole Tharit Charungvat.

Seni Chittakasem, gouverneur de la province de Si Sa Ket (est), a dit que les premiers heurts avaient été provoqués par des militaires cambodgiens qui s'étaient approchés d'une zone où un soldat thaïlandais avait perdu une jambe jeudi dans l'explosion d'une mine.

Koy Kuong, porte-parole des Affaires étrangères à Phnom Penh, a pour sa part dénoncé «une invasion agressive délibérée de l'armée thaïlandaise».

Le Premier ministre thaïlandais Abhisit Vejjajiva, qui représentait l'Asie du Sud-Est au sommet économique du G20 à Londres, est revenu vendredi à Bangkok.

Il s'est déclaré prêt à appeler son homologue cambodgien Hun Sen pour désamorcer cette nouvelle crise, tout en réaffirmant le droit de la Thaïlande de «préserver sa souveraineté».