Un tir de missiles américains a visé mercredi un centre d'entraînement des talibans et d'Al-Qaeda au Pakistan, tuant 12 insurgés, première frappe sur cette région voisine de l'Afghanistan depuis que Barack Obama a annoncé sa nouvelle stratégie contre le terrorisme.

Ces frappes menées par des avions sans pilote se répètent depuis l'été 2008, provoquant la colère des insurgés qui ont menacé mardi de commettre en représailles des attentats jusque sur le sol américain.

En annonçant le 27 mars sa stratégie de lutte contre les islamistes en Afghanistan, le président américain avait affirmé qu'Al-Qaeda «préparait activement des attentats contre les Etats-Unis depuis ses refuges au Pakistan».

Plaçant le Pakistan au centre de son dispositif, il avait annoncé un triplement de l'aide financière à ce pays, puis précisé que les attaques aériennes contre les insurgés s'y poursuivraient si nécessaire.

Mercredi, deux missiles ont été tirés sur un camp d'entraînement dans le village de Khadayzai, situé dans une région montagneuse de la zone tribale semi-autonome d'Orakzaï, un bastion des talibans et du réseau Al-Qaeda, selon des responsables des services de sécurité.

«Douze insurgés ont été tués dans deux tirs de missiles», a déclaré un de ces responsables, précisant que «des étrangers se trouveraient parmi les tués».

Le terme «d'étrangers» est habituellement utilisé par les autorités pour désigner les combattants d'Al-Qaeda.

Cette frappe est la première visant l'Orakzaï, la seule des sept zones tribales pakistanaises à ne pas avoir de frontière avec l'Afghanistan.

Selon des habitants du secteur, un proche du chef des talibans pakistanais Baïtullah Mehsud, Hakimullah, est basé dans ce district où le Mouvement des Talibans Pakistanais (Tehreek-e-Taliban Pakistan, TTP) tente d'accroître son influence.

Des représentants des talibans ont indiqué que des «hôtes», autre allusion à des combattants étrangers, se trouvaient dans le bâtiment visé, présenté comme un bureau local des talibans. Une dizaine de personnes auraient été tuées, selon ces sources.

Les talibans ont rapidement bouclé les lieux, empêchant les riverains de s'en approcher, selon un témoin.

Depuis l'été 2008, au moins 37 de ces frappes, qui ont fait environ 350 morts, ont visé les zones tribales, où sont basés des groupes de talibans afghans et pakistanais ainsi que des combattants liés à Al-Qaïda.

Les Etats-Unis affirment que ces régions servent de base arrière aux islamistes pour préparer leurs attaques contre les forces internationales en Afghanistan, mais aussi sur le sol américain.

Des frappes ont également visé des positions des talibans pakistanais, alliés au réseau d'Oussama ben Laden, soupçonnés d'être responsables de la vague d'attentats qui a fait plus de 1.700 morts depuis juillet 2007 à travers le Pakistan.

«Très bientôt, nous nous vengerons des Etats-Unis, non pas en Afghanistan mais à Washington», avait averti mardi Baïtullah Mehsud, en revendiquant plusieurs attentats récents.

Le Pakistan a protesté à de nombreuses reprises contre ces frappes, arguant qu'elles violent la souveraineté nationale.

Mais le 29 mars, Barack Obama a affirmé dans une interview qu'il «n'avait pas changé d'approche» sur ce sujet.

«Si nous avons des cibles de grande valeur dans notre champ de vision, après avoir consulté le Pakistan, nous allons les traquer», avait-il dit, assurant toutefois que le Pakistan est «un gouvernement souverain» et que les troupes américaines ne fouleront pas son sol.