«Ma dernière performance» est le titre qu'a donné un tueur en série indonésien au disque de chansons qu'il s'apprête à sortir avant d'être probablement condamné à la peine de mort pour onze meurtres particulièrement horribles.

Rasé de près et très élégant dans son costume musulman, Verry Idham Henyansyah, surnommé Ryan, ne se fait pas prier pour entonner l'une de ses chansons. «Libérez-moi... Oubliez-moi... Délivrez-moi de ces entraves...», chante-t-il d'une voix mélodieuse.

Ses paroles résonnent dans la cellule puis les couloirs du tribunal de Depok, près de Jakarta, où se déroule, depuis plusieurs mois, son procès.

Le grand jeune homme de 31 ans sourit timidement aux acclamations et aux appels à poursuivre lancés par son public du jour, des journalistes, des employés du tribunal et quelques curieux.

«C'est fini pour aujourd'hui. Vous aurez bientôt mon album» de douze chansons, leur lance-t-il, en adressant un petit signe d'adieu.

Verry Idham Henyansyah ne se fait pas d'illusion: c'est la peine de mort qui l'attend à l'issue de son long procès, comme l'a requis cette semaine le procureur. «Je sais que ma vie est terminée. Le temps du bonheur aussi», a-t-il récemment déclaré à une journaliste de l'AFP.

En attendant, Ryan semble apprécier l'attention de l'opinion, à qui il a relaté en détail son mode de vie d'ex-modèle et d'homosexuel à la presse et dans un livre autobiographique publié en février.

«Il est jeune, beau et ressemble à une superstar», constate Suhardi, un habitant de Depok venu au tribunal «pour voir à quoi il ressemblait». «C'est difficile de croire qu'une personne paraissant aussi douce puisse être responsable de telles horreurs», ajoute-t-il.

Ryan a été interpellé en juillet 2008 après la découverte de morceaux humains enfermés dans des sacs. Les policiers ont ensuite déterré plusieurs corps, dont celui d'un très jeune enfant, derrière la maison de ses parents.

Le détenu a reconnu avoir tué sa dernière victime, l'un de ses amants, par jalousie amoureuse. Il a découpé son corps en sept morceaux, qu'il a abandonnés sur le bord d'une route.

Les dix autres victimes qu'il affirme avoir tuées étaient, à l'exception d'une femme et de sa fillette, «des homosexuels comme moi». «Ils m'avaient donné honte. J'ai été pris de colère, me suis battu et les aies tués accidentellement».

Ryan «n'est pas un psychopathe», a affirmé le procureur Budi Hartawan Panjaitan. «Il était totalement conscient et n'hallucinait pas lorsqu'il tuait et il n'a pas exprimé de remords».

Son statut de star ne semble pas perturber la justice, qui autorise un grand nombre de visiteurs, dont des lycéennes, à venir le prendre en photo dans sa cellule. Et «un accusé a le droit, comme tout autre artiste, d'écrire un livre, de sortir un disque et d'en tirer ensuite des bénéfices», explique Abdul Hakim Ritonga, un responsable du bureau du procureur général.