Le chef des talibans pakistanais Baïtullah Mehsud, lié au réseau Al-Qaeda, a revendiqué mardi l'attaque de la veille contre une école de police et menacé de commettre d'autres attentats en particulier à Washington. 

«Très bientôt, nous nous vengerons des États-Unis, non pas en Afghanistan mais à Washington, ce qui étonnera le monde entier», a averti le chef taliban dans un appel téléphonique à l'AFP depuis un lieu inconnu.

Les États-Unis ont récemment offert une récompense de cinq millions de dollars pour toute information pouvant mener à la capture de Baïtullah Mehsud, désigné comme un maillon essentiel d'Al-Qaeda opérant depuis les zones tribales du nord-ouest du Pakistan.

En annonçant vendredi sa nouvelle stratégie en Afghanistan, le président américain Barack Obama avait affirmé que le réseau d'Oussama ben Laden «prépare activement des attentats contre les États-Unis depuis ses refuges au Pakistan».

«Nous revendiquons cette attaque. Elle a été commise en représailles aux frappes menées par des drones (avions sans pilote) sur les zones tribales», a déclaré Baïtullah Mehsud à propos de l'attaque de lundi dans l'est du Pakistan.

«Il y aura d'autres attaques semblables», a-t-il prévenu.

Chef du Mouvement des talibans pakistanais (Tehreek-e-Taliban Pakistan, TTP), Baïtullah Mehsud est l'homme le plus recherché du pays, accusé notamment par l'ancien régime militaire d'avoir commandité l'assassinat de l'ex-premier ministre Benazir Bhutto le 27 décembre 2007.

Les talibans pakistanais ont également été soupçonnés pour l'attentat contre l'hôtel Marriott d'Islamabad, qui a fait 60 morts le 20 septembre 2008.

Le chef du TTP a affirmé avoir créé un «conseil de moudjahidine» regroupant différents groupes insurgés, «afin d'intensifier les attaques contre les troupes américaines et de l'OTAN en Afghanistan».

Il a écarté l'éventualité d'être capturé à la suite de la récompense offerte par Washington. «Le plus qu'ils puissent faire est de me tuer», a-t-il dit.

Lundi, un commando armé avait fait irruption dans le centre de formation de la police de Manawan, près de Lahore, déclenchant une bataille qui a duré plus de huit heures avec les forces d'élite de la police et de l'armée. Huit policiers et quatre assaillants ont été tués.

Outre cette attaque, Baïtullah Mehsud a revendiqué un attentat contre des bureaux de la police à Islamabad, qui a fait un mort le 23 mars, ainsi qu'une attaque contre la police à Bannu, dans le nord-ouest du Pakistan.

Le chef taliban est soupçonné d'organiser des attentats depuis le Waziristan du Sud, l'un de ses fiefs dans les zones tribales frontalières de l'Afghanistan, qui a été la cible de missiles tirés par des avions sans pilote américains.

Plus d'une trentaine de ces frappes ont été menées sur les zones tribales depuis l'été 2008, visant des talibans afghans et combattants d'Al-Qaeda accusés d'utiliser ces régions comme bases arrière pour leurs attaques contre les forces étrangères en Afghanistan.

Les frappes ont également visé plus récemment des talibans pakistanais, soupçonnés avec leurs alliés d'Al-Qaeda d'être responsables de la vague d'attentats qui a fait plus de 1.700 morts à travers le pays depuis juillet 2007.

A Lahore, la police interrogeait mardi des dizaines de personnes dans l'espoir de remonter jusqu'aux commanditaires de l'attaque.

«Nous avons interpellé 50 personnes. Les choses avancent dans la bonne direction mais il est trop tôt pour dire qui est impliqué», a déclaré le chef de la police provinciale, Khalid Farooq.