L'ex-premier ministre thaïlandais en exil Thaksin Shinawatra a accusé vendredi soir deux conseillers du roi d'être responsables de la crise politique qui agite le pays depuis trois ans, dans des déclarations retransmises par vidéo à plus de 10 000 partisans.

M. Thaksin a affirmé que les deux hommes qui ont fomenté le coup d'Etat contre lui en 2006 étaient deux anciens Premiers ministres, les généraux de réserve Prem Tinsulanonda et Surayud Chulanont, aujourd'hui conseillers du roi Bhumibol Adulyadej, âgé de 81 ans.

«Prem est le cerveau, avec Surayud, (de tous les événements) ayant conduit à cette pagaille», a assuré M. Thaksin, dont l'image est apparue sur un écran géant devant le siège du gouvernement à Bangkok, encerclé selon la police par 13 000 de ses fidèles, surnommés les «chemises rouges».

Mais l'ex-Premier ministre --un puissant homme d'affaires dont les avoirs ont été gelés en Thaïlande après des accusations de corruption-- a bien pris garde de ne pas critiquer directement le roi et son épouse, dont l'image est protégée par une législation extrêmement sévère sur le crime de lèse-majesté.

«Le roi et la reine ne sont pas impliqués dans la politique» et c'est le général Prem, président du Conseil privé du souverain, qui a «exploité la monarchie», a affirmé M. Thaksin, dans une intervention de 75 minutes prononcée depuis un endroit tenu secret hors de Thaïlande.

M. Prem a été Premier ministre dans les années 1980 et M. Surayud avait été le chef du gouvernement nommé par la junte qui avait renversé M. Thaksin sans effusion de sang en 2006.

M. Surayud s'était éclipsé après les élections législatives de décembre 2007, qui avaient ramené au pouvoir des lieutenants de M. Thaksin.

Ceux-ci sont restés aux affaires jusqu'au 2 décembre 2008, date à laquelle la Cour constitutionnelle a ordonné la dissolution du gouvernement pro-Thaksin, alors que les aéroports de Bangkok étaient occupés depuis huit jours par des manifestants royalistes, surnommés les «chemises jaunes».

Le Premier ministre actuel, Abhisit Vejjajiva, 44 ans, a été élu le 15 décembre dernier par le Parlement à la faveur d'un renversement d'alliance entre partis politiques.

Vendredi matin, alors que le siège du gouvernement thaïlandais était encerclé pour la deuxième journée consécutive, M. Abhisit a rejeté les appels à la démission. Les «chemises rouges» l'accusent d'être une «marionnette» de la puissante armée et de certains éléments au palais royal.

«Je souhaite que le Parlement soit dissous et que de nouvelles élections soient convoquées», a déclaré M. Thaksin.

Un de ses lieutenants, Nattawut Saikuar, a déclaré à la foule que les manifestants «continueraient à rester ici», autour du siège du gouvernement, sans préciser jusqu'à quand.