Le tir prévu d'un «satellite» par la Corée du Nord constitue une «grave provocation», a estimé jeudi le gouvernement sud-coréen alors que Pyongyang a de nouveau averti que d'éventuelles sanctions feraient capoter les négociations sur sa dénucléarisation.

Malgré les avertissements, la Corée du Nord a annoncé qu'elle tenterait de mettre en orbite un «satellite de télécommunications» entre le 4 et le 8 avril.

Washington, Tokyo et Séoul craignent qu'il ne s'agisse en fait d'un essai de missile à longue portée.

Le régime communiste a répété jeudi que des sanctions de l'ONU infligées en cas du lancement début avril de ce qu'elle a présenté comme un «satellite» seraient perçues comme «un acte hostile» entraînant la rupture des négociations sur la dénucléarisation, actuellement au point mort.

«A partir du moment où l'accord du 19 septembre (2005) deviendrait caduc en raison d'une telle mesure, les pourparlers à six pays n'auraient plus lieu d'être», a déclaré à l'agence officielle KCNA un porte-parole du ministère nord-coréen des Affaires étrangères.

Le Nord a assuré qu'il assimilerait même de simples «discussions» à l'ONU à un «acte hostile».

Une déclaration commune avait été signée le 19 septembre 2005 entre les six pays participant aux négociations (deux Corées, Etats-Unis, Russie, Japon et Chine). Elle avait défini le cadre de l'accord paraphé en février 2007 par lequel le Nord s'engageait à démanteler ses installations nucléaires en échange d'une aide économique et de garanties de sécurité.

Ces négociations sont actuellement dans l'impasse.

Selon le porte-parole du ministère sud-coréen de la Défense, Won Tae-Jea, le Nord poursuit bien la préparation de son tir.

La veille, un responsable américain sous le couvert de l'anonymat avait affirmé à l'AFP que la fusée était déjà sur une rampe de lancement.

Selon cette source, il s'agit d'un Taepodong 2, un missile longue portée qui pourrait théoriquement atteindre l'Alaska.

Le régime communiste nord-coréen avait provoqué une crise internationale à l'été 1998 lorsqu'il avait tiré un missile de longue portée de type Taepodong-1 qui avait survolé une partie du Japon avant de s'abîmer dans l'océan Pacifique.

Cette fois-ci, Pyongyang a averti l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) et l'Organisation maritime internationale (OMI) de son intention de mettre en orbite ce qu'il a présenté comme un «satellite de télécommunications», depuis son site de lancement de Musudan-ri entre le 4 et le 8 avril.

«Nous avons été tout à fait clairs: l'intention affichée par les Nord-Coréens de lancer un missile, quel qu'en soit le but, est un acte de provocation qui, selon nous, viole la résolution 1718 du Conseil de sécurité», a déclaré mercredi la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton lors d'une conférence de presse à Mexico.

«Nous avons l'intention de porter devant les Nations Unies cette violation (...) si elle allait plus loin», a-t-elle ajouté, au premier jour d'une visite officielle au Mexique.

«Cette action de provocation, en violation de l'autorité des Nations Unies, ne passera pas inaperçue et il y aura des conséquences», a-t-elle averti.

La marine américaine a d'ores et déjà déployé deux destroyers équipés de systèmes de défense antimissile au large du Japon.

«Nous sommes prêts à toute éventualité», a déclaré à l'AFP un responsable des relations publiques de l'US Navy, Charles Howard.